Depuis des mois, le TNP de Villeurbanne cherchait un nouveau directeur. Le suspense a pris fin le 7 juin. Le nouveau directeur du TNP est Jean Bellorini, directeur du Théâtre Gérard-Philipe à Saint-Denis. Il prend la succession de Christian Schiaretti à l'occasion des 100 ans du TNP.
C'est Jean Bellorini, actuel directeur du Théâtre Gérard-Philippe à Saint-Denis, qui prendra les rênes du Théâtre national populaire (TNP), centre dramatique national de Villeurbanne, à partir du 1er janvier, a annoncé en fin de semaine le ministre de la Culture.
Le Théâtre National Populaire se réjouit de la nomination ce jour de Jean Bellorini à sa tête. En savoir plus https://t.co/Ai5B7qKMpU
— Théâtre TNP (@TNP_theatre) 7 juin 2019
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Cinq candidatures pour le TNP de Villeurbanne
Ils étaient cinq candidats, tous à la tête d'un Centre dramatique national (CDN), à briguer le fauteuil que le metteur en scène occupait depuis 2002. Chacun a défendu le 6 juin son projet devant les représentants des tutelles, l'État, avec la Direction des affaires culturelles, la ville de Villeurbanne (Rhône), la métropole lyonnaise et la région Auvergne-Rhône-Alpes.
Deux des prétendants étaient des "régionaux", Richard Brunel, patron de la Comédie de Valence depuis 2010, le seul à arriver en fin de mandat, et Arnaud Meunier, qui dirige la Comédie de Saint-Étienne depuis 2011. Etaient également en lice, le médiatique Jean Bellorini, directeur du Théâtre Gérard-Philippe de Saint-Denis, près de Paris, Séverine Chavrier, à la tête du CDN d'Orléans et Élise Vigier, associée au CDN de Caen.
La candidature de Jean Bellorini a été retenue. Ce dernier, né en 1981, a été formé à l'école Claude Mathieu. Avec sa compagnie Air de Lune, il a été accueilli par Ariane Mnouchkine au Théâtre du Soleil puis associé au Centre dramatique national de Toulouse et au Centre dramatique national de Saint-Denis, avant d'en prendre la direction.
Son travail "se distingue notamment par ses brillantes adaptations de textes littéraires majeurs ou d'oeuvres du théâtre contemporain dans lesquels il instille une grande vitalité", relève dans un communiqué le ministre de la Culture Franck Riester.
Son projet artistique, celui d'un théâtre de service public exigeant et populaire, s'inscrit dans l'héritage des artistes qui l'ont précédé au TNP: Jean Vilar, Georges Wilson, Roger Planchon et, depuis 2002, Christian Schiaretti.
Peu de candidatures de femmes pour prendre la tête du TNP
En début d’année, le monde de la culture s’interrogeait sur l’absence de candidatures féminines enregistrée fin 2018 pour prendre la direction du TNP de Villeurbanne. Le délai de dépôt ou d’envoi des candidatures avait été reporté au 17 février… Une décision du Ministre de la Culture pour donner la possibilité aux femmes artistes de faire acte de candidature.
« Où sont les femmes qui pourraient diriger le TNP? » Dans une tribune pulbiée dans Libération, Catherine Anne, metteure en scène, comédienne et directrice du Théâtre de l’Est parisien (TEP) de 2002 à 2011, s’interrogeait sur cette absence de candidatures de femmes. Manque d’ambition ? Manque de carrure pour assumer la direction d’un grand théâtre ? "N’ont-elles pas les épaules de diriger une institution de la taille du TNP ? Bien sûr que si ! Alors ? Qu’est-ce qui empêche ?"
Le texte faisait le constat suivant, "chiffres terribles" à l'appui :"151 artistes hommes ont été soit l’auteur, soit le metteur en scène, soit les deux des spectacles programmés par le TNP sur les cinq dernières saisons" contre 25 femmes seulement. Un pourcentage sans appel : "14% de femmes et 86% d’hommes".
Selon le texte la raison de l’invisibilité des femmes dans le monde de la Culture dépasse le cadre de la candidature à la tête du TNP mais cet exemple apparaît comme un révélateur. Le texte avançait ainsi une explication : "Aux artistes souhaitant faire acte de candidature pour diriger (…) le Théâtre National Populaire, il était demandé un bilan de leur diffusion sur les trois dernières saisons. Normal ? Ou pas ? En tous cas, un vrai facteur discriminant, puisque toutes les études prouvent que les femmes sont, dès la sortie des écoles d’enseignement artistique supérieur, empêchées. Moins de subventions, moins de moyens de production, moins de diffusion, moins d’ouvertures … Tout va dans le sens du moins. Or, elles n’ont ni moins de talent, ni moins de courage, ni moins de désir."
Le texte avançait alors une proposition pour "faire évoluer la situation" : "Donner obligation, à tous ceux et toutes celles qui travailleront à un projet pour le TNP, de s’engager à programmer sans que le déséquilibre homme-femme ne puisse excéder 40%-60%, tant du côté des écritures que du côté des mises en scène". Le texte de Catherine Anne avait été signé par plus de 300 personnalités du monde du théâtre, et notamment par les membres de l’association HF Aura.
Saison 2019 - 2020 : demandez le programme !
Mercredi 6 juin, jour du grand oral des candidats à sa succession, Christian Schiaretti, le patron du prestigieux Théâtre national populaire de Villeurbanne, a présenté pour la dernière fois la nouvelle saison du TNP qu'il quitte fin 2019.
A l'affiche de la nouvelle saison du TNP, qui fêtera son centenaire en 2020, des pièces du répertoire comme "Le Laboureur de Bohême" de Johannes von Saaz, ou "L'Échange" de Paul Claudel, toutes deux mises en scène par Christian Schiaretti, et des créations comme "Hippolyte" de Robert Garnier, mise
en scène également par Schiaretti, "Adamantine dans l'éclat du secret" de Julie Ménard, une fable féministe pour enfants mise en scène par Maxime Mansion, ou encore "Contes et légendes" de Joël Pommerat.
Au programme également, un spectacle d'Arthur H et Wajdi Mouawad, "Mort prématurée d'un chanteur populaire dans la force de l'âge" du 26 mars au 5 avril. Et, avis au successeur de Christian Schiaretti, en mai 2020, l'ex-patron du TNP mettra encore en scène "Utopia", d'après Aristophane.
Enfin, l'ancien et le nouveau directeur seront ensemble les maîtres d'oeuvre en 2020 des célébrations du centenaire du TNP.