Le patronat met en garde contre le "rabotage" des aides à l'apprentissage. Patrick Martin, le président du Medef, présent à Lyon pour les Worldskills met en garde le futur gouvernement contre la tentation de réaliser des économies au détriment du dispositif d'apprentissage qui connaît un énorme succès en France depuis quelques années.
C'est un cri d'alarme préventif que lance le Medef, par la voix de son patron Patrick Martin. Présent à Eurexpo, près de Lyon, à l'occasion des Worldskills, les olympiades des métiers, il a tenu à alerter le futur gouvernement sur un éventuel rabotage des aides à l'apprentissage alors que des coupes ont été évoquées dans le cadre des efforts pour réduire le déficit public.
Ne pas casser la dynamique de l'apprentissage
"On est parfaitement conscient des contraintes budgétaires très fortes, mais ce serait un peu paradoxal après le succès rencontré par l'apprentissage à tous les niveaux de qualification" a-t-il déclaré. "Il faut être très attentif à ce que les considérations d'économie budgétaire nécessaires ne viennent pas casser cette dynamique", a mis en garde Patrick Martin.
Fin août, une lettre plafond du Premier ministre démissionnaire Gabriel Attal au ministère du Travail prévoyait "des économies nouvelles sur l'apprentissage", tout en maintenant l'objectif d'avoir un million d'apprentis par an. Depuis 2017, leur nombre est passé de 317.000 à 853.000.
Le patron de la CMA France (Chambre des métiers et de l'artisanat) Joël Fourny, s'est également interrogé mercredi 11 septembre 2024 auprès de l'AFP sur l'engagement de l'État. "J'attends d'un point de vue budgétaire des annonces sur la façon dont vont être accompagnées les entreprises qui engagent des apprentis", a-t-il dit.
Les Worldskills, vitrine mondiale des métiers
La compétition internationale WorldSkills attire depuis deux jours une foule de visiteurs, notamment de nombreux collégiens et lycéens venus découvrir les métiers en lice dans plusieurs domaines (construction, industrie, services à la personne, arts créatifs...). Jusqu'à dimanche 15 septembre, 1400 jeunes de moins de 23 ans s'affrontent dans une soixantaine de métiers lors de cet événement destiné à valoriser des filières parfois méconnues. Ils sont très nombreux à être passés par l'apprentissage.
"J'ai un respect immense pour ces jeunes qui ont commencé à 16 ans, qui sont capables de monter un tableau électrique complet en une journée", a commenté Nicolas Dufourcq, patron de la banque publique d'investissement Bpifrance, venu présenter une autre initiative destinée à faire découvrir aux jeunes des métiers qui peinent à recruter. Le "Tour de France de nos industries" conduira en bus des collégiens sur des sites industriels. Onze dates sont prévues d'ici décembre, de Grenoble à Saclay. Environ 60.000 emplois sont vacants dans l'industrie et "près d'un million de postes seront à pourvoir d'ici 10 ans", selon Bpifrance.