Pourquoi les coteaux du Rhône et leurs grands crus doivent être classés au patrimoine mondial de l'UNESCO

La Vallée du Rhône et ses grands crus, bientôt classés au Patrimoine mondial de l'Unesco ? Le pari lancé par des exploitants des coteaux nord du Rhône entre Vienne à Valence sur cinq départements, va devoir embarquer tout le monde. La population a un rôle central à jouer pour que la candidature soit validée par les autorités compétentes.

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Du haut de ses coteaux, la vallée du Rhône dévoile tous ses charmes. Un paysage unique, béni des dieux, dessiné par le Rhône et vallonné de grands crus. Un décor sculpté par la nature et façonné par l'homme depuis l'Antiquité qui souhaite ajouter un titre à son blason, celui du patrimoine mondial de l'UNESCO dont peuvent déjà s'enorgueillir certains grands crus de Bourgogne, le territoire de Saint-Emilion et le vignoble en terrasses de Lavaux en Suisse, entre autres.

Le berceau de cépages d'exception

La Syrah, le cépage emblématique de ses crus, et ses petits-cousins, la Marsanne comme le viognier, sont nés ici. Ce sera un levier essentiel du projet, mais pas le seul. Beaucoup de données scientifiques sont à compiler et à classifier.

D'un point de vue ADN, les recherches sont claires, nettes et précises. On est dans le berceau d'un des cépages les plus réputés à l'échelle de la planète.

Jacques Grange

Maison des frères Delas à Tain l'hermitage

Un défi qui dépasse les clivages

Ce patrimoine a failli disparaître au gré des crises viticoles. Des passionnés se sont regroupés pour le protéger et le préserver. Et quoi de plus fort que l'UNESCO ?

L'idée d'engager cette démarche d'inscription sur la liste du patrimoine mondial des huit appellations des côtes-du-Rhône nord, entre Vienne et Valence, a été lancée un peu sous forme de boutade" se souvient Bruno Delas, urbaniste retraité et initiateur du projet Unesco "Le Rhône des côtes".

Sur ce territoire de 60 km de long, on compte plus de 800 exploitants. Des grandes maisons jusqu'aux plus petites parcelles. 4 000 hectares de vignes et huit appellations, de Côte-Rôtie à Saint-Péray, en passant par Saint-Joseph et Crozes-Hermitage. Des concurrents naturels qu'il a été simple de rassembler, explique Jacques Grange. "C'est un projet très fédérateur. Il y a eu beaucoup, beaucoup d'enthousiasme, du tout petit propriétaire qui a quelques arpents de vignes jusqu'aux structures coopératives ou de négoce beaucoup plus importantes. Il y a une forte volonté d'afficher une identité partagée".

Une reconnaissance méritée

S'il s'agit de protéger un héritage à la fois viticole, mais aussi patrimoniale, de promouvoir une identité et penser l'avenir à l'aune des défis climatiques, pour Laurent Courbis, qui exploite, avec son frère, les terres familiales de Chateaubourg, il s'agit aussi d'une quête de reconnaissance.

Il y a la fierté de nos racines. On est implantés là depuis longtemps. Le patrimoine et les paysages font partie de nous. Et il y a cette envie de faire voir qu'on est un peu unique.

Laurent Courbis

Vigneron

L'inscription est synonyme de protection pour les professionnels. Comme un garde-fou, elle créera un écrin préservé pour les paysages et le savoir-faire. Sur les pentes escarpées, nombre de manipulations se font encore à la main.

Un projet collectif

À l'image du Rhône, le chemin s'annonce long et sinueux pour rejoindre ce classement. Un parcours semé d'embûches que Bruno Delas connaît bien. Il a géré le dossier "Unesco" du Vieux-Lyon et sait qu'il faut - pour avancer - agréger toutes les forces. "Un des éléments importants et même primordiaux pour l'Unesco, c'est le fait que notre démarche soit en phase avec la population et qu'on intègre la population dans la démarche du projet" précise-t-il. Attendez-vous donc à en entendre parler.

Du château de Crussol au Théâtre Antique de Vienne, ce territoire recèle déjà de nombreux sites patrimoniaux, plus ou moins accessibles, qu'il va falloir rentrer dans cette dynamique, aux côtés des acteurs politiques et économiques des 51 communes. L'aventure ne fait que commencer. Elle devrait durer une décennie. Il faut tout d'abord passer une étape nationale, c'est-à-dire l'inscription sur la liste indicative avant de passer à l'étape internationale.

Et il faudra sans doute trouver un nom à ce petit bout de planète qui n'en a pas encore. Le projet se nomme pour le moment Rhône des côtes.

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