Avec les risques de départs d'incendies dus à la sécheresse, nombre de préfectures déposent des arrêtés anti-feux d'artifice pour limiter les risques. Cette décision impacte fortement les artificiers dont l'été est la saison haute.
"On fait notre année essentiellement l'été alors si on perd notre mois d'août, on perd beaucoup." Par ces mots, Cédric Bonjour résume bien sa situation. L'artificier de Mordant a vu une dizaine de ses prestations annulée suite aux arrêtés anti-feu ces derniers jours. Une perte sèche "de 20% sur son chiffre d'affaires de l'année" avance-t-il.
Des arrêtés pris presque partout
Dans le Rhône, l'Ain, la Loire, la Drôme ou encore l'Ardèche, les tirs de feux d'artifice sont interdits par les préfectures, en prévention de potentiels départs de feux de forêt.
Dans la Loire par exemple, l'arrêté est pris "en raison de la sécheresse exceptionnelle actuellement constatée, des prévisions météorologiques, ainsi que des nombreux départs de feux constatés ces derniers jours", est-il écrit sur Twitter.
Pas d'indemnisation
Ces interdictions départementales sont autant de douches froides pour les artificiers. Elles sont préfectorales, et ne dépendent donc pas des clients. "Nous ne sommes pas en droit de demander une indemnisation", explique Edouard Grégoire, président de l'UPCSP.
Pour l'heure, pour le syndicaliste, difficile d'estimer les conséquences de ces interdictions. Il dit tout de même sa crainte pour les petites structures. "On a eu le covid, avec des aides heureusement. Puis l'année dernière il a pas mal plu et aujourd'hui la sécheresse, cela fait beaucoup", témoigne-t-il.
Edouard Grégoire milite pour que les interdictions soit étudiées au cas par cas. "Qu'il y ait un arrêté pour les tirs privés oui je suis d'accord, c'est impossible à contrôler. Mais dans un cadre professionnel, il y a des lieux où l'on peut tirer malgré l'interdiction départementale."
Un spectacle qui continue d'attirer
Si Cédric Bonjour, l'artoificier, continue son activité grâce à un bon mois de juillet, il a vu beaucoup de ses confrères "baisser les bras". "Moralement, c'est très dur", nous confesse-t-il.
Pourtant, l'activité n'est pas en bout de course. Elle représente un marché de "8 à 12 milliards d'euros par an", explique Edouard Grégoire. Près de 150 prestataires se partagent les dizaines de milliers de feux d'artifice tirés chaque année en France.
Depuis la pandémie, le public est même plus nombreux à chaque feu. "Cela reste l'un des derniers spectacles gratuits qui en mettent plein la vue", explique Cédric Bonjour. "En France, on aime les feux d'artifice", conclut Edouard Grégoire.