Sécurité routière : "ils sont hors normes" la chasse aux dos d'âne est ouverte dans l'agglomération lyonnaise

Certains font 13 centimètres de haut, d'autres 15 centimètres. Mais en réalité, ils ne devraient pas dépasser les 10 centimètres. Selon les chiffres de l'association “Pour Une Mobilité Sereine et Durable”, 450 000 ralentisseurs sortent des critères réglementaires et devraient donc être retirés de la circulation.

“Il y en a qui sont trop hauts. C’est un peu dangereux, aussi bien pour les voitures que pour les vélos”. Cet habitant d'Oullins, commune située au sud de Lyon, parle bien sûr des dos d’âne. “Je trouve qu’il y en a beaucoup trop et j’ai l’impression qu’ils ne sont pas tous réglementaires”, ajoute-t-il.

C’est là toute la question. L’association varoise “Pour Une Mobilité Sereine et Durable” vient de saisir le Conseil d’État. Elle proteste contre la présence de ralentisseurs hors normes. Ils seraient près de 450 000 dans l’hexagone, “quasiment tous dans l’illégalité” selon le porte-parole de l’association Thierry Modolo-Dominati.

Un impératif de localisation 

“La première chose qui rend un ralentisseur illégal, ce n’est pas sa dimension, c’est sa position, c’est-à-dire l’endroit où un élu va venir l’implanter sur la voie”, explique l’ancien président de l’association. Il est par exemple formellement interdit d’en installer un à proximité d’un hôpital. 

Il en va de même pour les voies de transports en commun, celles sur lesquelles circulent beaucoup de poids lourds ou plus de 300 véhicules par jour, tout type confondu.“C'est quand même nécessaire parce qu’il y a vraiment des gens qui roulent très vite et forcément ça les ralentis”, renchérit l’Oullinois. 

“On a le cas devant chez nous. On a une école, mais ils ne veulent pas mettre de dos d’âne parce que c’est la grande rue et soi-disant que ça perturberait les transports scolaires. Ce qui serait bon chez nous, c'est de mettre ce qu’ils appellent une plateforme, c’est-à-dire un dos d’âne assez long”, ajoute-t-il.

Pas plus de 10 cm de haut 

Oui, mais là encore, certaines règles sont en vigueur. Un dos d’âne ne doit pas dépasser les 10 centimètres de hauts et les 4 mètres de long. Nous sommes allés en mesurer certains dans l’agglomération lyonnaise, à la Mulatière, à Oullins, beaucoup font entre 13 et 15 centimètres.

“Aujourd’hui, les élus se cachent derrière un guide qui a été mis en ligne par le Le Centre d'études et d'expertise sur les risques, l'environnement, la mobilité et l'aménagement et que les gens connaissent sous le nom de grand livre de la sécurité routière. Ils implantent des ralentisseurs de tout type et de toute forme n’importe où, n’importe comment. Ce guide leur sert tout simplement à contourner la loi en vigueur depuis bientôt 30 ans.”

Thierry Modolo-Dominati

Porte-parole de l'association "Pour Une Mobilité Sereine et Durable"

Jusqu’en 2010, il s’en fait la remarque, “il n’y avait pas énormément de ralentisseurs et à l’époque, on veillait à ce que la réglementation soit appliquée de manière très stricte”. Mais depuis la fin de la vidéosurveillance sous l’impulsion de Nicolas Sarkozy, la gestion des routes est tombée entre les mains des élus locaux et l’implantation de dos d’âne hors normes s’est multipliée.

Des dégâts matériels et humains 

Les automobilistes comme les riverains pâtissent de ces installations. “Quand les dos d’âne sont beaucoup trop élevés, déjà ça abime les voitures. C’est un désagrément pour les personnes dans les voitures”, se plaint une habitante lyonnaise. Et pour les plus téméraires, “qui le prennent trop vite, derrière la jupette, si c’est une voiture basse, elle touche, ajoute un autre habitant.

Effectivement, explique le porte-parole de “Pour Une Mobilité Sereine et Durable”, “les véhicules ne sont pas prévus à la construction pour subir de telles contraintes mécaniques toute la journée. On le voit très bien sur les bus qui sont énormément sollicités, en passant 200, 300, voire plus de fois dessus par jour. Ils sont bien abimés”.

Des dégâts matériels, mais aussi humains ! Ces obstacles sont propices à des accidents de la route, surtout chez les deux-roues, pour peu que le revêtement soit source de glissade. “Nous avons des accidents très graves en cours de constitution de dossier au sein de notre association. Ce sont des chutes avec de très lourds handicaps ces derniers mois”, souligne Thierry Modolo-Dominati.

“On a créé 450 000 points de pollution supplémentaires”

Au-delà de ça, il y a tout un volet de pollution. Les ralentisseurs génèrent 25 % de pollution atmosphérique supplémentaire, 27 % de pollution au gaz à effet de serre en plus et pour ce qui est des particules fines, les plus dangereuses pour l’être humain, cela peut aller de plus 300 à plus 1000 % par véhicule. 

“On a créé 450 000 points de pollution supplémentaires sur l’ensemble du territoire français”, conclut le spécialiste, sans oublier la pollution auditive que provoquent ces ralentisseurs.

Fin octobre début novembre, le conseil d’État devrait rendre son verdict. En cas de réponse positive de sa part, les élus locaux n’auront d’autres choix que de se mettre en conformité avec la loi et de supprimer les éléments défectueux.  

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