Sous le pont Jean-Macé, dans le 7e arrondissement de Lyon, de nombreux sans-abri dorment dans des tentes. Sous la pluie et dans le froid, la Croix Rouge française leur vient en aide.
La pluie tombe à torrents sur la tente d'Asla, qui se hâte de la déplacer de l'autre côté du trottoir pour essayer de se protéger. Cela fait plusieurs mois qu'il vit sous le pont Jean-Macé, dans le 7e arrondissement de Lyon.
Bien qu'il soit en règle avec l'administration, il se trouve actuellement sans emploi. "Je ne peux pas travailler car je n'ai pas de toit. Et ici, il y a souvent des bagarres entre certaines personnes", confie-t-il. Ce pont à Lyon abrite une véritable forêt de tentes, avec pas moins de 110 abris recensés récemment.
C'est dans ce décor de précarité que Julia et Nathan, travailleurs sociaux, interviennent quotidiennement. Leur mission : orienter les personnes vers des repas chauds, des douches, ou encore des ressources essentielles.
"C'est difficile"
Parmi ceux qui vivent sous ce pont, Kassem raconte son histoire. Ancien résident d’un squat, il a dû fuir après en avoir été expulsé. Aujourd’hui, il attend désespérément une attestation pour débloquer son dossier d’hébergement. "La vie est pénible dans cette situation. Quelqu’un qui travaille toute la journée, et le soir quand il rentre du travail, il se retrouve ici. Ce n’est pas bien", affirme Kassem.
Les bénévoles et les associations qui viennent en aide aux personnes dans la rue rencontrent des obstacles constants. "C’est difficile. On fait les alertes, on fait remonter, mais cela met du temps pour que les situations se débloquent, donc c’est assez difficile pour les associations qui interviennent sur les sites", affirme Julia Briland, de la Croix-Rouge française.
Des réponses d'urgence insuffisantes
Dans le Rhône, 26 500 places d’hébergement sont disponibles, mais cela reste insuffisant. Cette année, seulement 377 places supplémentaires ont été créées, mais la demande ne cesse de croître. "Sur les sujets de veille sociale, de maraudes, de services intégrés de l’accueil et de l’orientation, on n’a clairement pas assez d’argent. [...] On aimerait se concentrer sur les personnes à la rue, l’organisation du dispositif, le 115, ce sont des dispositifs très importants", indique Judith Husson, secrétaire générale adjointe de la préfecture du Rhône.
Parmi les demandeurs d'asile, la situation est particulièrement alarmante. En 2024, sur 5 300 personnes suivies par Forum Réfugiés, seulement 27 % ont trouvé une solution d’hébergement.
Jean-Joël, un demandeur d'asile avec un titre de séjour, vient d'obtenir une place au 115. "Un graal", selon lui. Mais l'accès à ces places reste très restreint. "Les personnes ont droit de rester une nuit toutes les quatre nuits dans cet accueil d’urgence. Donc ça limite, ce sont des critères restrictifs. S’ils ont déjà dormi la veille, s’il fait froid, qu’il pleut ou qu’il neige, ils ne peuvent pas forcément y retourner le lendemain, il faut qu’ils attendent quatre nuits", explique Carole Wampfler, bénévole à la Croix-Rouge.
Sous le pont Jean-Macé, Pamela, 9 ans, et sa mère, ne sont pas considérées comme prioritaires par les critères administratifs ; elles devront passer la nuit dehors, sans certitude qu'elles auront un toit les nuits suivantes.