La taille de la vigne est le premier geste du vigneron et sans doute le plus important. Une pratique non mutilante se développe en vallée du Rhône pour limiter les ravages des maladies dues aux champignons.
Dans les frimas de l'hiver, les vignerons taillent la vigne pour préparer la cuvée de l'année. Sur les coteaux de l'Hermitage, la technique évolue et les pratiques changent.
"Autrefois, on taillait à ras et à deux yeux. Aujourd’hui, on pratique la taille non mutilante. On laisse un chicot (un bois de quelques centimètres) et on taille beaucoup plus haut" explique Renaud Maisonneuve, chef de culture pour la Cave de Tain.
Ce petit espace supplémentaire a pour but d'éloigner le plus possible les potentielles maladies du pied. «La vigne, pour se défendre et cicatriser toutes les plaies de taille crée du bois mort pour éviter que des intrus entrent. Les cônes de dessèchement ne se font plus dans le passage du flux de sève mais dans le chicot. C’est comme un pansement pour la vigne et ça favorise énormément les flux de sève».
Les maladies, ennemi public n°1 de la vigne
Un geste précieux et rentable car les pathologies - plus que le gel du printemps dernier - ont affecté les parcelles de la vallée du Rhône.
Nicolas Ravel, conseiller développement durable pour la Cave de Tain, a mis en place la taille non mutilante depuis 3 ans pour répondre à une problématique de maladie du bois présente sur tous les vignobles français. «Cette année, c’est d’autant plus important que l'année dernière, on a eu beaucoup de pluies. Les champignons ont dit : hourra, tout est là pour moi ! C’est pour ça qu’on a eu un niveau d’expression plus élevé en 2021. On a pu se retrouver avec des parcelles qui étaient sur des taux de 15 à 20% des plants. Ça ne veut pas dire qu’il y avait 15 à 20% de plants morts mais ils exprimaient des symptômes de maladies du bois et potentiellement à 1, 2, 3 ou 5 ans allaient mourir». Les années précédentes, le stress hydrique qu'ont ressenti les vignes a également touché les champignons, limitant leur invasion.
Une méthode sur le long terme
Cette méthode prophylactique est payante sur le long terme afin de lutter contre la quinzaine de champignons qui sont à l’origine des maladies du bois. Certaines étaient déjà connues au temps des Grecs et des Romains. Elle est complétée par la taille tardive et l’enlèvement des souches mortes pour éviter la contagion des pieds sains. «On ne va pas arrêter la maladie, mais ça permet de contrôler et de diminuer la mortalité sur plusieurs années».