Jusqu'au 18 mai 2024, l'aérodrome du Beaujolais à Frontenas (Rhône) accueille le championnat régional de vol en planeur. Un sport intégralement dépendant de la météo. Une trentaine de pilotes sont engagés dans ces journées de compétition.
On dirait d'immenses goélands de carbone, avec leurs longues ailes fines faites pour s'appuyer sur le vent et les courants d'air chaud. Depuis le 11 mai, chaque jour de météo clémente, le rituel est le même sur la piste de l'aérodrome de Villefranche-en-Beaujolais : une trentaine de planeurs blancs se rangent en file indienne avant de prendre l'air dès que les conditions aérologiques sont réunies.
Des pilotes venus de partout
Depuis un an, le centre de vol à voile du Beaujolais prépare l'organisation de ce championnat régional de vol en planeur. Une organisation bénévole à laquelle tous les membres du club participent. Et paradoxalement, pendant toute la semaine de compétition, ils n'auront eux-mêmes pas une minute pour voler... "Organiser ce genre de compétition permet de souder un club puisque tout le monde prend sa part" explique Christian Paul, le président du club. "Ca permet aussi de faire mieux connaître notre sport, le vol à voile, qu'on appelle maintenant le vol en planeur".
Une trentaine de concurrents sont engagés dans cette compétition qui dure une semaine complète. Des pilotes venus de France et même d'Allemagne, et parmi eux, le rhôdanien Nicolas Caudrelier, 24 ans, membre du cercle de Villefranche et de l'équipe de France Junior de vol en planeur qui disputera le Championnat du Monde en Pologne en juillet prochain.
Des distances et des durées de vol jamais identiques
Fin de matinée, c'est le moment des derniers préparatifs. Le briefing quotidien vient de s'achever, les pilotes ont reçu la fiche d'épreuve du jour, qui détermine le temps de vol minimal et la distance à parcourir." Aujourd'hui par exemple, on a un cercle de 70 km de diamètre dans lequel on peut voler. Le but du jeu est de parcourir la plus grande distance possible dans le temps imparti, soit 1H30. C'est une épreuve courte cet après-midi parce que des orages sont prévus en fin de journée" explique Christophe Déhan, pilote venu de l'Isère. "Je vole souvent en montagne, dans des conditions très différentes d'ici donc c'est très intéressant pour moi de découvrir à la fois d'autres paysages vus du ciel et d'autres façons de voler".
En planeur, chaque vol est un émerveillement...
Christophe Déhan, pilote de planeur
La météo, c'est l'élément fondamental du vol à voile : il faut de l'air chaud pour planer loin et longtemps. "Ce qui est indispensable pour le vol en planeur, ce sont les ascendances d'air chaud. Sur ce site, ces colonnes d'air chaud ne sont provoquées que par le rayonnement solaire sur le sol. Et aujourd'hui, le ciel est un peu voilé donc il faudra du flair aux pilotes pour trouver les ascendances...' précise Christian Paul.
12h30 : tous les planeurs sont prêts à décoller. Tractée par un avion remorqueur, la buse s'envole en premier. La buse, c'est un planeur qui permet de tester les conditions de vol pour les compétiteurs et de donner le top départ. Ensuite, tous les planeurs décollent l'un après l'autre, soit tractés par un avion ou un ULM remorqueur, soit seul avec l'aide d'un petit moteur électrique rétractable.
Une fois en l'air, lorsque le planeur a trouvé un thermique, le pilote se décroche de l'avion remorqueur ou coupe le moteur électrique et c'est parti pour un vol dont seuls le pilote et le vent maîtrisent la durée et la direction.
"Là-haut, c'est sublime. Un sentiment incroyable de liberté dont il ne faut pourtant pas se laisser enivrer car la vigilance doit être maximale" explique Christophe Déhan. "Un pilote de planeur prend une décision toutes les 10 secondes, donc il faut être extrêmement concentré, tout observer pour pouvoir adapter son vol en permanence."
Des goélands de carbone aux vaches...
Et pour se poser ? En général, les pilotes atterrissent sur la piste de l'aérodrome de départ. Mais parfois les grands goélands de carbone se transforment... en vaches ! "Il arrive qu'on doive se poser dans un champ, faute de pouvoir rejoindre un aérodrome. C'est ce qu'on appelle aller aux vaches !" s'amuse Christian Paul. "Mais évidemment, c'est ce qu'on essaie d'éviter !".
Sur l'aérodrome de Villefranche-en-Beaujolais, les épreuves du championnat vont se succéder chaque jour jusqu'au samedi 18 mai, en fonction évidemment des conditions météo. S'il pleut, impossible de voler. Pendant les sessions de vol, une zone est ouverte gratuitement au public depuis le plancher... des vaches !