Elle aura marqué, à sa manière, l'histoire de l'Olympisme français. Sophie Villeneuve n'a pas ramené de médailles des quatre Olympiades auxquelles elle a participé, mais elle a signé une autre performance : être la première Française à s'être alignée, été comme hiver aux Jeux Olympiques, en ski de fond puis en VTT.
Elle ne vous le dira pas, mais elle fait partie d'un club très fermé. Comme elle, ils sont environ 130 à avoir participé à des Jeux Olympiques d'été ET d'hiver, toutes nations confondues, depuis 1924. Une goutte d'eau à l'échelle des dizaines de milliers d'athlètes qui concourent tous les quatre ans dans l'événement le plus important du monde sportif.
Sophie Villeneuve s'est alignée d'abord en ski de fond avant de passer au VTT : deux disciplines, deux carrières menées au plus haut niveau, des Jeux d'Albertville en 1992 à ceux de Sydney en 2000.
"Je ne suis pas trop à exposer ce que j'ai fait"
C'est un exploit en soi, lorsque l'on sait ce qu'exige de préparation, de performance, de régularité et de talent une qualification aux JO. Aujourd'hui âgée de 54 ans, la Savoyarde d'adoption porte pourtant sur ce passé un regard détaché. Elle est même surprise qu'on puisse s'intéresser à elle et à son histoire sportive.
"Les souvenirs sont dans ma tête et je ne suis pas trop à exposer ce que j'ai fait", nous confie-t-elle. "Je n'ai pas eu besoin d'exprimer, de dire que j'avais fait les deux JO. On me l'a dit que j'étais la première Française à avoir fait les JO d'hiver et d'été... Bon, ouais, tant mieux, mais sans plus", ajoute-t-elle dans un haussement d'épaules.
Trois dossards pour seuls souvenirs
Sourire aux lèvres, elle revoit, pour la première fois, une archive vidéo de sa course de Nagano en 1998, en ski de fond.
Cette année-là, elle avait fini notamment 17e du 30 km et 11e du relais avec l'équipe de France.
"Ça fait bizarre, ça fait vieillot les combinaisons maintenant, après tant d'années. Je ne suis pas très souvenirs, à regarder sans arrêt, mais là j'apprécie, c'est sympa", dit-elle.
Dans sa maison de Pugny-Chatenod, aucun signe extérieur d'olympisme. L'ostentatoire, on l'aura compris, ce n'est pas son truc à Sophie. À notre demande, elle finit donc par retrouver ce qu'il lui reste de ses participations aux Jeux : trois dossards ramenés de ses Jeux d'hiver. Albertville 1992, Lillehammner 1994, Nagano 1998.
Pas de médailles mais des Pin's
"J'aurais fait des médailles, je pense que j'aurais un placard à médailles", dit-elle en riant.
C'est à Lillehammer que Sophie Villeneuve a réalisé sa meilleure performance individuelle, en finissant 9e du 15 km. À Albertville, elle avait pris la cinquième place du relais par équipe. Pas de médailles donc mais des dizaines de Pin's pour décorer ces maillots.
En VTT à Sydney
Après le ski de fond, Sophie Villeneuve s'est dédiée au VTT, au point de décrocher sa place aux JO de Sydney, où elle se classera 23e.
À nouveau, il lui faut puiser dans ses souvenirs pour savoir ce qu'elle en a gardé, matériellement. Elle finit par sortir sa monture.
"J'ai ce vélo qui est vraiment une relique, mon Cannondale avec lequel j'ai couru à Sydney en 2000". Et la plaque des JO ? "Je l'avais gardée passé un temps parce que c'était des petites plaques qu'on mettait devant (dit-elle en montrant le guidon), mais je ne l'ai pas retrouvée... C'est égal à moi-même, je l'ai perdue aussi celle-ci", commente-t-elle en riant.