Avalanche mortelle de Valfréjus : jugement vendredi pour quatre gradés, poursuivis après la mort de six légionnaires

Quatre gradés, jugés en octobre pour homicides et blessures involontaires après l'avalanche mortelle de Valfréjus, risquent jusqu'à un an de prison.

Deux capitaines et deux adjudants vont connaître leur jugement vendredi 20 décembre. Jugés en octobre pour déterminer leur responsabilité dans la mort, en 2016, de six légionnaires emportés par une avalanche à Valfréjus (Savoie), ils risquent jusqu'à un an de prison.

Les conclusions de l'enquête à leur encontre sont "accablantes", avait estimé le procureur du tribunal correctionnel de Lyon siégeant dans sa formation militaire. Manque de préparation, méconnaissance des lieux, objectif final mal défini, "considérable erreur" de topographie et d'itinéraire, sous-estimation du risque d'avalanche, absence de consultation des spécialistes locaux...

"Ils ont eu tout faux" lors de cette sortie tragique, a résumé le procureur, pointant la "faute caractérisée" des quatre officiers et sous-officiers, pourtant titulaires du diplôme de chef de détachement de haute montagne. De 2 à 3 ans d'emprisonnement ont été requis contre ces gradés du 2e régiment étranger de génie (REG) de Saint-Christol, poursuivis pour homicides et blessures involontaires.
 
"Si le procès doit avoir une utilité, c'est que la troupe soit considérée avec plus d'humanité par sa hiérarchie", avait déclaré l'un des cinq avocats des parties civiles à l'issue de l'audience, évoquant un "déni total" de la part des quatre gradés qui se sont rejetés la responsabilité lors de la première journée d'audience.

 

Risque d'avalanche "marqué"


Le 18 janvier 2016, la randonnée à ski organisée sur les hauteurs de Valfréjus dans le cadre d'un stage de montagne est brusquement interrompue par une grosse coulée de 400 mètres de large sur 300 mètres de dénivelé, qui balaye 18 soldats.

Cinq légionnaires - un Albanais, un Malgache naturalisé Français, un Italien, un Moldave, un Népalais - meurent sur le coup. Un sixième, un Hongrois, décèdera une semaine plus tard. Sept autres soldats ont été blessés, mais seulement neuf parties civiles se sont constituées au procès. 
 
Jugeant notamment que les gradés avaient ignoré un risque d'avalanche "marqué" de 3 sur une échelle de 5, le ministère public a requis pour homicides involontaires et blessures involontaires trois ans d'emprisonnement assortis de sursis contre l'un des capitaines, et trois ans d'emprisonnement dont deux seulement avec sursis pour l'autre officier en raison d'une précédente condamnation pour violences conjugales.

 

"Sanction exemplaire"


"Nous attendons la relaxe. Mon client n'a aucune responsabilité. Il a défini l'itinéraire mais il n'était pas là au moment de l'accident" pour donner l'ordre de changer de route, a commenté à l'AFP Me Xavier Chantelot, avocat du premier capitaine, aujourd'hui commandant avec une nouvelle affectation.

Des peines moindres de deux ans d'emprisonnement avec sursis ont été requis contre les deux adjudants, dont l'un, aujourd'hui adjudant-chef, avait déclenché l'avalanche avec le groupe de tête. Au procès, les prévenus appelés à la barre s'étaient rejeté la responsabilité de l'erreur d'itinéraire à l'origine de l'avalanche.

"Vouloir s'exonérer ainsi alors qu'on a causé la mort de nombreux légionnaires après de multiples erreurs, cela ne peut que laisser interrogatif", estime Me Sylvain Carmier, avocat d'un légionnaire marocain naturalisé français, désormais handicapé et réformé de l'armée après l'accident.

De son côté, Me Jean-Michel Quillardet, avocat d'un soldat ukrainien blessé, a estimé que les "réquisitions correspondent à la situation". "On n'a pas demandé (la) mort sociale (des gradés mis en cause) mais une sanction exemplaire" pour la Légion, a-t-il expliqué.

 
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