Du Grand-Bornand à Nice, le Comité international olympique débutera lundi une tournée dans les Alpes françaises sur les sites pressentis pour accueillir les JO-2030. La commission visitera les quatre pôles retenus, à commencer par ceux de Savoie et Haute-Savoie.
Le grand jour approche pour les sites retenus en vue des Jeux olympiques d'hiver en 2030. Le Comité international olympique (CIO) entame, ce lundi 22 avril, une tournée dans les Alpes françaises avant une décision finale sur l'attribution de ces Jeux attendue en juillet.
Des montagnes de Haute-Savoie à Nice en passant par les stations des Hautes-Alpes, une équipe d'experts examinera en cinq jours les pistes et infrastructures proposées par la candidature française, désormais seule en lice pour cette phase ultime de "dialogue ciblé".
Il s'agit "d'étudier en détail" le projet, de la carte des sites aux aspects logistiques, jusqu'aux garanties politiques et financières, le soutien populaire ou l'impact environnemental, comme l'a expliqué cette semaine Jacqueline Barrett, directrice en charge des futurs hôtes des JO au sein de l'instance olympique.
Du Grand-Bornand à Nice
Cette visite est l'une des étapes attendues pour la candidature française depuis sa sélection par le CIO en novembre dernier comme "hôte pressenti" pour les Jeux d'hiver de 2030. La commission du futur hôte visitera ainsi les quatre pôles olympiques et paralympiques, du nord au sud. A commencer par la Haute-Savoie avec deux sites : La Clusaz pour le ski de fond et le Grand-Bornand pour le biathlon.
La visite se poursuivra en Savoie sur l'important site incluant les épreuves de ski alpin et luge-bobsleigh, sur les communes de La Plagne, Courchevel et Bozel. Le CIO poursuivra avec le snowboard et le ski acrobatique à Montgenèvre et Serre Chevalier (Hautes-Alpes), et enfin les sports de glace à Nice (Alpes Maritimes).
Aucune visite n'est en revanche prévue à Val d'Isère, malgré la demande de son maire Patrick Martin d'accueillir les épreuves de slalom. La station savoyarde espérait toujours être dans la course, défendue par l'ancien champion de ski Jean-Claude Killy, indigné de voir écarté "un pan entier de l'histoire du ski de compétition". Cette exclusion du dispositif a été motivée par une politique de "regroupement des sites".
Reste à déterminer le futur site de patinage de vitesse - qui pourra utiliser une infrastructure à l'étranger ou une halle démontable comme aux JO-2026 de Milan. A affiner, aussi, les plans de déplacement, délicats dans une zone montagneuse très vaste allant du Grand-Bornand à Nice, en passant par Courchevel.
Le gouvernement en soutien, malgré des oppositions
La commission sera accueillie par Laurent Wauquiez et Renaud Muselier, présidents respectifs des régions Auvergne-Rhône-Alpes et Provence-Alpes-Côte d'Azur, initiateurs de la candidature. Le gouvernement soutient à fond le projet, comme l'a dit à Grenoble la ministre déléguée chargée des Collectivités territoriales Dominique Faure.
En visite au salon Mountain Planet, la ministre a estimé que les précédentes olympiades à Grenoble (1968) et Albertville (1992) avaient été "à chaque fois des moments de joie, de concorde, d'unité et de réussite". "Dans six ans, nous saurons faire les premiers Jeux tout à fait éco-responsables de l'histoire", a-t-elle assuré, contestant tout risque de "fiasco environnemental".
Mais les infrastructures prévues semblent davantage pensées pour "faire tourner la machine des JO" que pour les habitants eux-mêmes, s'indigne Fabienne Grébert, conseillère écologiste de la région AURA. En outre, "nous n'avons aucune information sur qui va payer quoi. A deux mois de la décision, on ne sait rien", a-t-elle déploré lors d'un débat organisé mercredi à Grenoble.
Hier, nous étions mobilisés avec le collectif NO JO 2030, @EELVrhonealpes et @EELVPaysSavoie , en marge de Mountain Planet, le salon de l’aménagement en Montagne de Grenoble. 🏔️
— Les Écologistes Région AuRA (@EcologieAuRA) April 18, 2024
Nous avons organisé une table-ronde sur le thème de l’héritage des Jeux Olympiques et Paralympiques… pic.twitter.com/UT25oO8z71
Pour Stéphane Passeron, ancien athlète olympique et membre du collectif No-Jo 2030, les Jeux sont des événements "d'une autre époque". Face à la crise climatique, il appelle, citant Winston Churchill, à "passer à autre chose et prendre le changement par la main avant qu'il ne nous prenne par la gorge".
Suspense limité
Si le dossier est jugé convaincant, la "commission de futur hôte des JO d'hiver" le recommandera mi-juin à l'exécutif du CIO, avant une attribution officielle les 23-24 juillet à Paris par les membres de l'instance olympique réunis pour leur 142e session, avant l'ouverture des Jeux de Paris 2024.
Malgré la levée de boucliers des défenseurs de l'environnement qu'a suscité la candidature des Alpes Françaises dès son lancement, le suspense sur son avenir reste assez limité.
Avant même la visite, Jacqueline Barrett et Christophe Dubi, le directeur exécutif des JO au sein du CIO, ont salué un "projet magnifique", louant la beauté des paysages, l'expérience locale en matière d'organisation sportive et le cadre "politico-administratif" laissé par les préparatifs des JO-2024.