Alors que les températures ont atteint des records pour un mois d’octobre à travers la France, les effets de cette chaleur exceptionnelle se font sentir dans les vergers de Savoie. Exemple dans une coopérative au nord de Chambéry.
Le phénomène ne touche que quelques arbres, mais il frappe par sa précocité. Dans les vergers de la coopérative du Tremblay, à La-Motte-Servolex, les fleurs commencent déjà à poindre sur certains poiriers ce lundi 9 octobre. Des bourgeons arrivés avec cinq mois d’avance : pour Laurent Favet, l’explication est à trouver dans des températures anormalement élevées qui "[provoquent] un redémarrage de la végétation".
Ces dernières semaines ont en effet ont vu de nombreux records tomber à travers la France, lundi dernier constituant "l’après-midi d’octobre la plus chaude à l’échelle de la France" selon Météo-France. Les Alpes n’échappent pas à la tendance : 29,7°C ont ainsi été atteints le 9 à Grenoble et 21,4°C une semaine plus tôt à Val-d’Isère. "Cette chaleur d’automne retarde l’entrée en dormance des arbres, constate le responsable commercial de la coopérative du Tremblay. C’est un manque de repos. Donc on a des arbres qui s’affaiblissent et un risque d’avoir une production altérée en 2024."
Productions "incertaines"
Si la Savoie a été épargnée par la grêle et le gel au printemps, la saison 2023 a déjà été marquée par une sécheresse importante cet été. Conséquence sur la ligne de tri où s’affairent les saisonniers : les poires qui arrivent par taille pour être conditionnées "sont un peu petites", estime Amandine Mordant, une cagette dans les bras.
En moyenne, 400 tonnes de fruits sont vendues chaque année par ce regroupement de quarante producteurs. Cette saison devrait être satisfaisante en termes de volume, mais le calibre lui, est "en retrait". "On a eu un bon nombre de fruits au printemps, mais le grossissement a été interrompu par la canicule, explique Laurent Favet. On aura plus de petits fruits cette année dans toutes nos variétés de pommes et poires."
Le phénomène se répétera-t-il à la récolte 2024 ? L’impact des températures actuelles est à ce stade encore difficile à évaluer. "Pour les agriculteurs, globalement, le changement de climat complique notre travail, insiste néanmoins le Savoyard. Soit parce qu’on a des ravageurs, soit parce qu’il faut arroser. C’est plus de travail et avec des productions qui sont incertaines." Cette année est désormais la plus chaude jamais mesurée sur les neuf premiers mois, avec une anomalie qui avoisine + 1,5°C par rapport à l’ère préindustrielle.