"On vit avec les rats" : accueillies sur un terrain insalubre, des familles de gens du voyage demandent un relogement

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"On vit avec les rats" : accueillies sur un terrain insalubre, des familles de gens du voyage demandent un relogement ©France 3 Alpes

Des familles de gens du voyage vivent, depuis plusieurs années, sur une aire d'accueil devenue insalubre et jonchée de déchets à Chambéry. Elles demandent que des solutions de relogement soient mises en place rapidement. L'agglomération, qui se dit consciente du problème, affirme travailler sur ce projet.

Bidons industriels, fils électriques, carcasse de voiture, palettes de bois... Les déchets de toutes sortes s'amoncellent sur la parcelle bordant un terrain d'accueil de gens du voyage à Chambéry-le-Haut (Savoie). Au bout de la petite impasse, plusieurs familles vivent, avec leurs enfants, dans une dizaine de caravanes, à deux pas des monticules de déchets.

"On en a marre de vivre dans la crasse et la peur qu'un enfant tombe malade", confie Enzo Mallet qui vit sur ce terrain où les dépôts sauvages s'accumulent depuis de nombreuses années, avec un risque aggravé de pollution. Les départs de feu y sont réguliers, selon des images transmises à France 3 Alpes par des occupants se disant démunis.

Nadine Perioche, 54 ans, habite ici avec sa famille depuis 1995. Malgré plusieurs promesses de relogement, aucune ne s’est concrétisée à ce jour. La quinquagénaire perd patience devant tant d’incivilités, constatant régulièrement de nouveaux dépôts d'ordures.

"C'est une décharge. On vit avec les rats. Cette situation, on n'en peut plus. Je ne peux plus rester comme ça", dénonce la commerçante. "On veut être relogés, pas dans 20 ans, mais cette année. Même si on n'a qu'un bout de terrain avec nos mobil-homes, on veut juste partir."

Les pouvoirs publics interpellés

Le bâtiment qui servait de sanitaires communs il y a quelques années a, lui, été laissé à l'abandon. Rempli d'une montagne de déchets, il est inutilisable. Les branchements électriques se font à même le sol, dans les détritus, malgré les écoulements d’eau et l’humidité.

"A chaque fois qu'on vient, la situation a empiré. C'est révoltant", constate Guy Fajeau, ancien conseiller municipal d'opposition, de l'association politique Chambéry Cap à Gauche. "Les gamins jouent dans les détritus, dans les déchets, les flaques d'eau. Je crois que c'est indigne de notre pays. Il faut que les pouvoirs publics réagissent immédiatement", demande-t-il.

Plusieurs élus ont interpellé le conseil municipal, l'agglomération et la préfecture sur la situation de ces familles, demandant une solution de relogement rapide. "Il y a une question de sécurité pour les gens qui vivent ici et une question d'atteinte à l'environnement", affirme Jean-François Coulomme, député (LFI) de la Savoie.

"Il y a des polystyrènes, des plastiques, des métaux... On demande que quelque chose soit fait rapidement pour aller nettoyer cette décharge sauvage qui est tout à fait illégale et très dangereuse pour les habitants", résume l'élu.

Le Grand Chambéry "conscient du problème"

Un projet existe, porté par la communauté de communes, pour reloger sur Chambéry les occupants sédentarisés. Un permis de construire a déjà été déposé, mais l'agglomération est toujours à la recherche de terrains pour accueillir l'ensemble des familles. Ce projet, qui a pris du retard du fait de surcoûts, pourrait voir le jour en 2025.

L’enjeu, c’est de reloger prioritairement nos occupants réguliers, licites, du terrain. On travaille avec eux pour pouvoir les reloger dans des conditions dignes et satisfaisantes.

Isabelle Dunod, vice-présidente du Grand Chambéry

"On est vraiment conscients du problème", assure Isabelle Dunod, vice-présidente du Grand Chambéry chargée de l’accueil des gens du voyage. "L’enjeu, c’est de reloger prioritairement nos occupants réguliers, licites, du terrain. On travaille avec eux pour pouvoir les reloger dans des conditions dignes et satisfaisantes. Ensuite, il faudra requalifier la totalité du site", avance-t-elle.

Car malgré l'insalubrité, le terrain demeure une aire d'accueil de gens du voyage. Les auteurs des dépôts sauvages n'ont, à ce jour, pas été identifiés. Le site pourrait être requalifié, voire fermé définitivement après le départ des occupants, mais la procédure prendra encore plusieurs années.

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