Témoignage. "Ça me ramène treize ans en arrière", Adeline Morin espère retrouver des traces de son frère disparu au Fort de Tamié

Publié le Écrit par Marie Bail

Une nouvelle battue est organisée les 29 et 30 octobre prochains au Fort de Tamié près d'Albertville (Savoie) pour retrouver des traces de la disparition de Jean-Christophe Morin. Treize ans après, ces nouvelles recherches relancent l'espoir de la famille.

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La semaine dernière, Adeline Morin apprend qu'une "battue citoyenne" sera organisée fin octobre afin de retrouver des traces de son frère, Jean-Christope, disparu au Fort de Tamié en 2011. Prévues initialement sur trois jours, ces recherches ne seront finalement menées que sur deux jours les 29 et 30 octobre prochains.

"On était sans informations sur l'affaire depuis un an et voilà que des nouvelles recherches commencent", explique Adeline Morin, partagée comme son père entre l'espoir de retrouver des traces de son frère et la crainte. "Je n'arrive pas à imaginer qu'on lui a fait du mal", explique-t-elle.

"Je sursaute au moindre bout de bois"

L'initiative de cette battue a été prise par Sabine Kheris, juge d'instruction du pôle des crimes sériels ou non élucidés du tribunal judiciaire de Nanterre et en charge de l'affaire depuis 2022. La nouvelle a plongé Adeline treize ans en arrière, quand elle a organisé la première recherche autour du Fort de Tamié pour retrouver son frère Jean-Christophe. "Tout reposait sur nous, la famille, à l'époque. On avait même fourni des talkies-walkies parce qu'il n'y avait pas de réseau là-haut". Son frère, âgé de 22 ans à l'époque, n'avait plus donné signe de vie après une soirée techno dans l'ancien bâtiment militaire en septembre 2011. Lors de cette première battue, le sac à dos de Jean-Christophe est retrouvé à quelques mètres du fort.

Fin octobre cette année, la battue sera assistée par des renforts de la gendarmerie. Adeline a lancé un appel sur les réseaux sociaux pour trouver 10 à 15 volontaires par jour. Ils seront munis d'une application pour quadriller chaque parcelle explorée. "Je me dis que c'est positif. Aujourd'hui, on ne peut pas avoir meilleure juge sur ce dossier et avec les nouvelles technologies, c'est mieux qu'en 2011", estime Adeline.

En même temps, elle n'ose pas se faire d'illusions. "Il y a treize ans, des chiens spécialisés étaient passés au Fort de Tamié, ils n'avaient rien trouvé. Est-ce que ça signifie que Jean-Christophe n'est pas là-bas ?". Impossible d'avancer totalement, impossible non plus d'oublier son frère. "Comme dit ma mère, il est toujours avec nous, à chaque événement".

Dès que je vois un caillou, je crois que c'est un ossement.

Adeline Morin, sœur de Jean-Christophe.

Adeline sera présente au Fort de Tamié pour accueillir les bénévoles mais elle ne participera pas aux recherches. "C'est impossible pour moi, je sursaute au moindre bout de bois. Dès que je vois un caillou, je crois que c'est un ossement", explique-t-elle. Pendant des années, elle dit avoir été incapable de se promener en forêt.

Sa famille fera aussi le déplacement depuis la région parisienne ainsi qu'une vingtaine de bénévoles, les trois-quarts inconnus de la famille. "C'est beau, cela fait chaud au cœur, d’autant plus que nous n'avons pas d'attaches dans la région", rappelle Adeline. Elle souligne la beauté que peuvent, parfois, avoir les réseaux sociaux.

Avancer

Depuis toutes ces années, Adeline Morin et sa famille ont dû se battre pour ne pas que l'affaire tombe dans l'oubli. Malgré les preuves détruites comme le sac à dos en 2014, ou la clôture du dossier la même année, elle n'a pas arrêté de chercher à savoir ce qui était arrivé à son frère, puis à Ahmed Hamadou lui aussi disparu en 2012.

Désormais, elle a quitté la Haute-Savoie pour l'Ardèche. "J'en avais assez que ma boulangère me dise qu'elle m'avait vue dans la presse", raconte-t-elle. Car, pendant ces années à interpeller la justice et les médias, Adeline est devenue la porte-parole de la famille. "Mon ancienne avocate m'avait dit qu'il y en avait un dans chaque famille de disparus", sourit-elle. Un rôle qu'elle a accepté, mais qu'elle a souhaité mettre sur pause.

Le cerveau n'aime pas le vide, il échafaude toujours un scénario. J'essaie de me préparer à ne jamais avoir de réponses, mais c'est impossible.

Adeline Morin, sœur de Jean-Christophe

Quand elle marche dans la rue, Adeline confie regarder les jeunes hommes qu'elle estime être dans leur trentaine. Elle les observe et se demande : "À quoi ressemblerait le visage de mon frère aujourd'hui ?"

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