Le club du Chambéry Savoie Football, qui évolue en National 3, affronte l'Olympique lyonnais ce samedi en 16es de finale de la Coupe de France, au Groupama Stadium de Lyon. Quatre divisions séparent les deux équipes mais les jaunes et noirs veulent croire à l'exploit.
Ambiance des grands soirs au stade Mager. Les supporters hurlent, chantent, acclament leur équipe. Sur la pelouse, les joueurs du Chambéry Savoie Football restent dans leur bulle, concentrés sur leur schéma de jeu, attentifs aux gestes techniques, solidaires dans l'effort.
On s'y croirait. Pourtant, il n'y a pas un spectateur jaune et noir dans les tribunes et pas d'opposition sur le terrain. Les chants viennent d'un haut-parleur qui crache à tue-tête un simulacre d'ambiance de match au Groupama Stadium. Les entraîneurs du club savoyard de National 3 ont le sens du détail. Ils ne veulent rien laisser au hasard dans la préparation, ne rien négliger, et surtout pas l'atmosphère grisante mais intimidante d'un grand stade.
La pression des 20 000 spectateurs
"On est dans la préparation du match de samedi dans un contexte où on a un peu moins l’habitude, c’est-à-dire un environnement qui sera plutôt bruyant avec les supporters de l’OL et puis nos supporters aussi", explique Jimmy Juglaret, l'entraîneur-adjoint du Chambéry SF. "On essaye de contextualiser un maximum ce que l’on va avoir samedi au Groupama Stadium. L’objectif, c’est d'avoir une préparation optimale mais quels que soient les matches, que ce soit en Championnat ou en Coupe de France, on a un fonctionnement qu’on pourrait dire semi-professionnel. On essaye de donner le ton aux joueurs".
"C'est la magie de la Coupe de France... Tout est possible"
Les Savoyards se sont qualifiés pour les 16es de finale de la Coupe de France en battant Aubagne, un club qui évolue en National 2, la division supérieure à la leur. Mais samedi, c'est un adversaire d'un autre calibre qu'ils vont devoir affronter dans un classique revisité du petit poucet face à l'ogre de Ligue 1 en Coupe de France, à savoir l'Olympique lyonnais.
Quatre divisions séparent les deux équipes et pourtant, au sein du groupe, tout le monde veut y croire. Les joueurs n'arrivent pas à se départir de leur plus beau sourire, entre joie de gamin, excitation et sens de l'enjeu.
"On n'a rien à perdre nous. On a tout à gagner, c’est un bonheur. On va jouer au Groupama Stadium, chez eux, devant 20 000 personnes, la famille va venir nous voir donc ça va être vraiment incroyable pour nous et pourquoi pas faire un exploit...", espère Théo Blachon, le gardien du CSF.
Refuser le complexe d'infériorité
Stéphanois d'origine, le portier ne peut réprimer un sourire malicieux à l'évocation de l'OL et de ce derby qui se profile. "Il y aura de grands attaquants face à moi : Lacazette qui a joué en Premier League (ndlr : le championnat anglais où Alexandre Lacazette a évolué avec Arsenal avant de revenir à Lyon). Et puis, il y a quelques champions du monde dans l’équipe, donc par rapport à la N3 ça va être différent, ça va aller un peu plus vite et il va falloir s’habituer très vite à la vitesse de jeu".
Pour Thibaud Martineau, pas question d'afficher un complexe d'infériorité. "On est des compétiteurs. On fonctionne match après match, peu importe qui il y a en face. On est là pour gagner, on va y aller pour passer ce tour et faire l’exploit", assure le capitaine des jaunes et noirs.
"Je pense qu’on est le seul sport où le petit peut battre le gros avec autant d’écart et je crois que c’est ça qui fait la magie de la Coupe de France, de dire que tout est possible", ajoute Jimmy Juglaret.
Revivre l'épopée de 2011
Comme nombre de joueurs, le milieu de terrain s'accroche aux leçons du passé pour croire au succès. A Chambéry, tout le monde se souvient de l'épopée du club (le Stade Olympique Chambéry) en Coupe de France en 2011 lorsque l'équipe, alors en CFA2 (5e division), avait successivement éliminé les grosses écuries de Monaco, Brest et Sochaux avant d'échouer en quarts de finale face à Angers (alors en L2).
"C’est dans notre identité, on a déjà connu ça, pas avec les mêmes joueurs, pas avec le même staff mais je crois que le public n’a pas oublié et du coup, il y a une espérance qui est encore plus profonde que dans d’autres clubs", indique l'entraîneur-adjoint du Chambéry SF.
L'expérience de Nassim Akrour, un attaquant de...48 ans !
L'an dernier les Savoyards avaient été battus en huitièmes de finale face à l'AJ Auxerre. Ils espèrent avoir appris de leurs erreurs et comptent aussi sur l'expérience de leur attaquant de 48 ans pour les mener à la victoire. Nassim Akrour, décisif face à Aubagne, est un ancien joueur professionnel et ancien international algérien. Pilier de l'attaque chambérienne, il est aussi un élément clé dans les vestiaires.
"Je leur dis simplement de prendre du plaisir comme dans tous les autres matches. Ces moments-là, où vous allez rencontrer de l’émotion, de la joie, du plaisir, jouer dans un fabuleux stade face à des grands joueurs de football, c’est ça qui est important. Il y a de l’engouement. Mais il faut canaliser ses émotions et attendre samedi pour jouer ce match", assure Nassim Akrour.
L'équipe sent qu'elle a une carte à jouer, au vu des difficultés que traverse en ce moment l'Olympique lyonnais.
Capitaliser sur la fébrilité des Lyonnais
"C’est à double tranchant. On sait qu’ils ne sont pas au mieux de leur forme. Donc soit on les enfonce encore plus, soit ils se réveillent", estime Thibaud Martineau. "On ne sait pas trop dans quel état d’esprit ils vont être et avec leurs supporters c’est pareil, c’est pas la meilleure cohabitation donc on ne sait pas trop comment ça va jouer."
L'entraîneur adjoint du Chambéry Savoie Football préfère donc ne pas se préoccuper de la conjoncture, pour s'appuyer sur ses bases.
"Le plus important c’est de rester nous-mêmes, respecter notre projet de jeu, de vie mais aussi appuyer sur les opportunités que peut nous offrir l’adversaire. Je ne parle pas de points faibles, quand il s’agit de l’Olympique lyonnais et qu’il y a autant d’écart, mais il y aura peut-être des opportunités à exploiter. C’est ce que l’on va essayer de voir dans ces prochains jours", complète Jimmy Juglaret.
Plusieurs séances vidéos sont d'ailleurs au programme cette semaine pour disséquer les stratégies d'attaque et de défense des Lyonnais.
"On est habitué à avoir du gros, à être plutôt performant face à eux, on va espérer que cela continue", conclut Jimmy Juglaret.