Les touristes étrangers sont nombreux depuis près de deux semaines dans les stations de Courchevel et Méribel, alors que les Mondiaux de ski 2023 battent leur plein. Mais la clientèle russe, habituée des lieux avant le début de la guerre en Ukraine, se fait, elle, plus discrète.
Quelques badauds se promènent sur la croisette de Courchevel : sur les terrasses, les vacanciers français se confondent parmi les étrangers venus d'Angleterre, des pays du Golfe ou encore d'Amérique du Sud. Mais dans cette station savoyarde appréciée des touristes fortunés, un contingent s'est fait plus rare ces derniers mois : les Russes.
Ce n'est pas nouveau : la clientèle russe se fait de plus en plus rare depuis le début de la guerre en Ukraine. Que ce soit en France ou plus localement, dans les Alpes. À Courchevel comme à Megève, autre station huppée, des clients russes avaient annulé leur venue quelques jours après l'invasion de l'Ukraine : "J’ai eu des annulations. Tous les clients russes n'annulent pas encore, mais ça commence", nous précisait un salarié d'un établissement de luxe à Megève en février 2022.
Un an plus tard, les Russes ne sont pas revenus. Huseyin est photographe en bas des pistes de Courchevel 1850 depuis une quinzaine d'années. Il ne cache pas que le manque de cette clientèle s'est fait ressentir sur son activité : "On entendait parler russe avant dans la station. Ces touristes créaient de l'animation dans les bars, les restaurants, lors des après-ski. Ça consommait à flot, maintenant, c'est un peu plus tristounet."
Encore des Russes
"Même dans le village, ça se sent. Certains avaient des chalets ici. Maintenant, ces habitations sont fermées, on ne voit plus de lumière dedans", ajoute le photographe. En avril dernier, près de 24 milliards d'euros d'actifs russes avaient été gelés par la France, dont des biens immobiliers dans la station voisine de Méribel.
Cet hiver, la clientèle slave, aussi bien russe, qu'ukrainienne ou encore biélorusse, représente près de 3 % de la clientèle étrangère, selon l'office de tourisme de Courchevel. Avant le début de la guerre, elle était davantage située aux environs de 7 %.
"On ressent encore leur présence. Il y a encore des Russes, mais ce sont essentiellement ceux qui habitaient déjà en Europe, à Monaco ou à Londres par exemple. Ce sont des habitués. Mais les Russes qui venaient en masse, il y a encore quelques années, ne sont plus là", raconte Huseyin.
Une clientèle brésilienne plus présente
Guillaume est chauffeur de taxi. Ce vendredi matin, il stationne devant l'ancien office de tourisme devenu, depuis peu, une boutique Rolex : "C'est vraiment depuis cette année qu'ils ne sont plus trop présents. Mais ils ont été remplacés par d'autres nationalités. L'office (de tourisme) a fait un bon travail. On a réussi à combler le manque de la clientèle russe par la venue d'autres touristes étrangers."
On a beaucoup cette image de Courchevel qui accueille énormément de Russes. En réalité, dans les pourcentages d'accueil, ils ne sont pas du tout majoritaires.
Une responsable de l'office de tourisme de Méribel.
Parmi les nouvelles nationalités présentes, et qui participent au rayonnement international de Courchevel, le chauffeur de taxi évoque les ressortissants des pays du Golfe, mais surtout les Brésiliens : "Ils sont venus ici un peu grâce au Covid. Avec les restrictions en place aux États-Unis ou au Canada, ils ne pouvaient pas aller skier là-bas. Ils sont donc venus ici en Europe à Courchevel. Ce sont des familles brésiliennes très fortunées."
"On a beaucoup cette image de Courchevel qui accueille énormément de Russes. En réalité, dans les pourcentages d'accueil, ils ne sont pas du tout majoritaires", confie une responsable de l'office de tourisme de Méribel, situé de l'autre côté du col de la Loze.
Dans cette station savoyarde, le manque de Russes n'a pas eu de conséquence : "On les retrouvait d'habitude dans les nationalités les plus présentes. Mais cette année, ça ne se vérifie pas. Ça n'a pas d'impact sur l'économie de la station", poursuit-elle. Depuis près de deux semaines, les stations de Méribel et de Courchevel profitent des Championnats du monde de ski pour attirer des touristes étrangers. Dès le dimanche 19 février, dernier jour de compétition, ils seront remplacés par les vacanciers parisiens, attendus de pied ferme. Comme la neige.