Sœur André, la doyenne de l'humanité, est décédée ce mardi 17 janvier à l'âge de 118 ans. La religieuse avait vécu plus de trente ans dans un foyer pour personnes âgées en Savoie. Le personnel de l'établissement Notre-Dame se souvient d'une femme au "grand cœur".
Le paradis ne pouvait pas attendre plus longtemps : la doyenne de l'humanité, la Française sœur André, née Lucile Randon, est décédée ce mardi 17 janvier à l'âge de 118 ans, et à quelques jours d'un nouvel anniversaire.
Si la religieuse s'est éteinte à l'Ehpad Sainte-Catherine-Labouré de Toulon, elle a vécu près de 32 ans en Savoie, au foyer Notre-Dame situé aux Marches, sur la commune de Porte-de-Savoie. Elle y est arrivée à l'âge de 75 ans, au moment de sa retraite, après avoir été garde-malade dans un hôpital de Vichy, dans l'Allier, pendant une trentaine d'années.
"Lorsque je suis arrivé en tant que directeur de l'établissement, elle était âgée de 92 ans. Ce n'était pas la plus vieille résidente, elle était une sœur comme les autres. Rien ne laissait présager qu'elle allait avoir cette longévité. Cela a été son destin", se souvient Pascal le Flem, ancien dirigeant de l'établissement Notre-Dame.
L'ancien directeur, désormais à la retraite, se souvient aussi de son sens de l'humour et d'une répartie ravageuse : "Un journaliste américain était venu la rencontrer, alors qu'elle n'était pas encore la doyenne de l'humanité. Il voulait être, en quelque sorte le premier à avoir une interview d'elle, avant le décès de la Japonaise (Kane Tanaka, ancienne doyenne de l'humanité décédée en avril 2022, ndlr). Il lui avait demandé ce que cela faisait d'être la personne la plus âgée du monde. Elle avait répondu, avec son brin de malice, qu'elle aurait préféré être la plus jeune au monde."
D'une grande disponibilité
Selon Pascal Le Flem, sœur André avait beaucoup apprécié la Savoie : "Son séjour ici correspondait à ses années de retraite heureuses. Elle était dans un très beau cadre de vie." La religieuse avait également su apprécier les spécialités locales : "Je lui ai régulièrement offert des cartons de vin blanc du coin. Elle a su faire une bonne publicité pour les vins de Savoie", se souvient-il de celle qui avait pour habitude de boire un verre de vin par jour.
Pascal Le Flem se rappellera d'une sœur "au grand cœur" et avec "une bonne humeur globale" : "Elle passait dans les chambres des résidents qui recevaient peu de visites, elle en accompagnait certains lors des promenades. Elle était d'une grande disponibilité pour soulager les autres, leur rendre service."
Une gentillesse constatée aussi par le personnel du foyer. Céline Granjon a travaillé à différents postes depuis son arrivée à Notre-Dame en 1998. Elle avait alors 20 ans : "Elle m'a aidée à me construire. C'est quelqu'un qui m'a beaucoup appris sur la vie, elle avait l'amour de son prochain", raconte celle qui l'a côtoyée pendant plus d'une dizaine d'années.
Elle était pleine de bonnes intentions envers les autres résidents mais aussi le personnel. Elle avait tricoté des chaussons pour nous ou nos enfants.
Céline Granjon, gouvernante du foyer Notre-Dame.
"Je me souviens, par exemple, que lorsque j'étais en charge du nettoyage des chambres, elle me regardait avec sourire et elle m'expliquait être fière que le lavabo de sa salle de bains brille autant : elle l'avait nettoyé au dentifrice avant mon passage. Elle était pleine de bonnes intentions envers les autres résidents mais aussi le personnel. Elle avait tricoté des chaussons pour nous ou nos enfants", poursuit-elle.
Une longue fin de vie
Céline, arrivée en tant qu'agente de service, voyait sœur André au quotidien : "J'aurais toujours cette image dans la tête : celle quand je rentrais dans sa chambre le matin et qu'elle était assise sur son petit fauteuil. Elle écoutait France Inter à la radio. Elle s'intéressait à beaucoup de choses, elle était ouverte sur le monde et on discutait ensemble de l'actualité."
Le secret de sa longévité ? "Elle avait une très grande force intérieure. Même si cela a été dur par moment, elle savait se battre", raconte Céline Granjon. L'ancien directeur acquiesce : "Elle a eu une fin de vie difficile, dans la douleur. Elle disait que le Seigneur l'avait oubliée, toujours avec son sens de l'humour."