"Du travail toute l'année" : face à la précarité des saisonniers, une station de ski et des communes du Médoc signent un partenariat

La station savoyarde de Val Thorens a signé un partenariat inédit avec des communes de Gironde, fin novembre, pour améliorer les conditions de travail des saisonniers. Ce contrat permet aux personnels d'enchaîner sans interruption leur saison d'hiver à la montagne avec une saison d'été sur la côte atlantique.

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"Ce partenariat est une avancée majeure pour l’emploi saisonnier. Il permet à nos éducateurs sportifs bi-qualifiés, en ski voile et ski surf, de bénéficier d’un contrat à durée indéterminée-intermittent (CD2I). C'est une vraie continuité professionnelle sur l’année", se réjouit Fréderic Dadoy.

Ce responsable des activités sportives du littoral Atlantique à l'UCPA salue volontiers le pas en avant fait par le partenariat "mer et montagne", signé le 26 novembre dernier, entre Val Thorens et les 13 communes de "Médoc Atlantique Tourisme", dont Lacanau, Soulac-sur-Mer, Carcans-Maubuisson, Hourtin...

Le CD2I comme outil contre la précarité

Un "mariage" inédit entre stations de deux "genres" différents. L'union s'appuie principalement sur le passage de saisonniers, généralement en CDD, à celui de travailleurs en contrat à durée indéterminée, adapté aux intermittents. Un "CD2I" qui n'est pas une nouveauté, et qui est proposé, sur la base du volontariat.

"Ce dispositif leur offre non seulement une stabilité d’emploi, une employabilité plus longue, mais aussi un cadre qui valorise leur double compétence", poursuit le responsable de l'UCPA. 

Car, outre des droits sociaux stables acquis grâce au contrat de travailleur permanent, l'accord signé prévoit aussi des mesures d'accompagnement pour les candidats. Des sessions de formation sont, par exemple, proposées au sujet des spécificités du Médoc Atlantique.

Une formule pas forcément idéale pour toutes les stations

Faut-il pour autant en déduire, qu'avec ce partenariat, le couple formé par cette nouvelle entité "terre-mer" a trouvé l'arme fatale contre la précarité du statut de saisonnier ?

Pour Pierre Didio, le secrétaire général FO (Force Ouvière) de la Savoie, le modèle ne semble pas forcément transposable à toutes les stations des Alpes. "La réussite d'un partenariat de ce genre dépend de la provenance des saisonniers. Quand une station emploie en majorité du personnel local, il y a de grandes chances que peu de personnes soient intéressées par une activité estivale au bord de la mer. Puis, il y a souvent de gros écarts de salaires entre nos saisonniers de montagne et ceux des stations balnéaires qui sont, généralement, beaucoup moins bien payés."

D'autres différences peuvent également influer sur la décision de rester en CDD. Par exemple : la durée des contrats. Ils peuvent être très variables d'une station de haute altitude telle que Val Thorens, où les contrats peuvent aller jusqu'à 5 mois l'hiver, à une station de moyenne montagne, où le contrat peut être amputé d'un, voire deux mois sur une même saison. Une durée qui conditionne les droits au chômage qui peuvent suivre la période d'activité.

"Et puis, qui dit CDI, dit perte de la prime de fin de saison", explique encore le patron du second syndicat le plus représenté dans les stations de ski de la Savoie. "En dessous de 8 à 10 mois de travail sur l'année, soit cinq mois à la montagne et trois en bord de mer par exemple, il faut vraiment bien calculer son coup avant de passer en CD2I", conclut Pierre Didio.

Des avancées sur le logement

Face à la précarité du statut de saisonnier, le partenariat veut aussi proposer des avancées dans d'autres domaines, notamment en matière d'accès au logement, toujours problématique en zone touristique.

Si Val Thorens a mis dans la corbeille le lancement d'un programme qui prévoit la création de 150 logements dédiés aux saisonniers, Médoc Atlantique s'est engagé, lui, à rénover son parc locatif pour les personnels. Des actions devant aboutir à proposer des logements à des prix accessibles. 

Nous sommes conscients du rôle fondamental que les saisonniers jouent dans le dynamisme de notre station. Ce partenariat marque une avancée précieuse pour leur bien-être, en leur offrant un parcours professionnel stable et des conditions de logement adaptées.

Claude Jay, maire de Les Belleville.

"J'espère que dès la fin de l'hiver, on commencera à voir les résultats de ce partenariat monter en puissance", estime encore Claude Jay, le maire de Les Belleville, qui regroupe, depuis 2016, les stations de ski de Saint-Martin, des Menuires et de Val Thorens. "Pour ce genre de projet, il faut déjà avoir un bon potentiel. Avec 4 500 saisonniers, on était bien placé pour ouvrir la voie", conclut l'élu.

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