Un rapport de la chambre régionale des comptes d'Auvergne-Rhône-Alpes, paru mi-février, alerte la Savoie sur son manque d'adaptation au changement climatique. Le Département, dont l'économie s'appuie presque entièrement sur le tourisme hivernal, doit agir d'ici à 2050, sous peine de courir un grave "risque financier".
Après les stations de ski françaises, c'est au tour de la Savoie d'être rappelée à l'ordre. Dans un rapport de la Chambre régionale des comptes d'Auvergne-Rhône-Alpes, paru en février, le Département est étrillé pour son manque d'initiatives en faveur de la lutte contre le réchauffement climatique.
Dans ce territoire de près de 450 000 habitants, l’économie “est fortement dépendante du tourisme hivernal”, et “essentiellement tournée vers les services”, précise le texte. À l’image du reste des massifs montagneux du pays, la Savoie est déjà confrontée à “une hausse régulière des températures moyennes et à une dégradation des conditions d’enneigement” au moins "jusqu'en 2050", provoquant la fermeture de certaines pistes.
"Définir des priorités"
Ce diagnostic, le Département en a fait état il y a déjà quatorze ans, souligne le rapport, mais “sans qu’en découle une stratégie directement liée à la nécessité de s’adapter aux conséquences du changement climatique”. Si rien n'est fait d'ici à 2050, l'avenir économique de la Savoie paraît compromis.
"Le changement climatique [...] fait également peser un risque financier sur le Département compte tenu de la part importante de ses ressources liées au tourisme." Pourtant, la Savoie s'est engagée à "une diversification de l'offre touristique" qui passe "notamment via le soutien [...] à différents projets portés par les acteurs publics ou privés".
Mais là encore, l'absence de mise en place d'une "réelle stratégie d'adaptation aux conséquences du changement climatique" empêche la Savoie de se "fixer des objectifs en la matière" et de "définir des priorités d’intervention". "L’efficience de l’affectation des ressources publiques consacrées à cette politique n’est donc pas assurée."
Une postérité "incertaine"
Ce ne sont pourtant pas les outils qui manquent. Le département de la Savoie est engagé dans deux syndicats mixtes "compétents en matière d’aménagement de domaines skiables", le Syndicat Mixte Thabor Vanoise (SMTV) et le Syndicat Mixte d’Aménagement de la Vallée des Belleville (Symab).
Auxquels il faut ajouter une participation à différentes sociétés, elles aussi "dédiées à la gestion de domaines skiables" : la Savoie stations ingénierie touristique (SSIT), la Société des trois vallées (S3V) et la Société anonyme d’économie mixte locale pour la gestion intégrée des équipements touristiques de Valmeinier (Semval).
"Toutefois, le Département ne cherche pas véritablement à engager ces opérateurs dans une stratégie d’adaptation au changement climatique, déplore le texte. Les recettes provenant de ses participations dans des domaines skiables, issues pour l’essentiel du domaine skiable de Val Thorens (7,5 millions d'euros sur la période 2017-2022), ne sont pas particulièrement affectées à l’adaptation au changement climatique."
"Un rapport à charge"
Quant à la méthode à adopter, la Cour des comptes formule trois recommandations auprès du Département : “inclure un critère d’évaluation de l’adéquation des projets soutenus avec les conséquences du changement climatique”, “évaluer l’impact des financements accordés" et “impulser une stratégie d’adaptation des territoires aux enjeux du changement climatique”.
Président du syndicat mixte de Thabor Vanoise (SMTV), Gilles Margueron déplore un "ski-bashing". "Souvent, on fait une généralité d’un cas particulier. Nous avons fait des investissements lourds pour attirer des gens toute l’année : dans la station, on a développé des circuits VTT, un plan d’eau pour la baignade, un autre pour la pêche, un parc accrobranche."
"Nous considérons que c’est un rapport à charge où tout le monde en prend pour son grade : l’État, les régions, les départements, les intercommunalités, les communes, réplique le conseil départemental de Savoie, dans une réponse formulée par mail. Au final, cette remise en cause profonde et brutale du modèle français des stations de ski ne doit pas nous faire oublier que le ski est l’élément différenciant du tourisme de montagne, qui génère une activité économique sans égale, avec de nombreux emplois directs et indirects."