Le gouvernement français n'a toujours pas décidé des voies d'accès au tunnel du Lyon-Turin et a donc manqué une première salve d'aides de l'Union européenne. Dans le même temps, le "chantier du siècle" en Savoie a été remis en cause par un rapport du Comité d'orientation des infrastructures (COI), a-t-on appris ce mercredi 18 janvier.
Le tunnel ferroviaire du Lyon-Turin est-il encore sur de bons rails ? Le gouvernement devait déposer, avant ce mercredi 18 janvier, un dossier de demande de subventions auprès de l'Union européenne. Ce dossier n'a pas été déposé. Pour cause : les voies d'accès au tunnel de base, côté français, n'ont toujours pas été définies.
Le gouvernement espère déposer un nouveau dossier dans le courant de l'année 2023 pour obtenir des subventions en 2024. Mais rien n'indique que l'Union européenne attribuera ces nouvelles aides ou qu'elles seront suffisantes.
Or, le temps commence à presser pour ce projet destiné au fret qui doit relier Lyon à Turin en passant sous les Alpes. Conclue en 2013, la déclaration d'utilité publique (DUP) court jusqu'en 2028. Il reste donc moins de cinq ans pour engager des études ou des travaux significatifs sous peine de voir la DUP s’annuler.
Remise en cause du COI
Un rapport du Comité d'orientation des infrastructures (COI), instance consultative placée auprès du ministre chargé des Transports, était attendu avant la fin du mois et devait aiguiller le gouvernement sur la marche à suivre.
Ce rapport, qu'a pu se procurer France 3 Alpes, remet en cause les voies d'accès au tunnel. En effet, il donne la priorité à la modernisation de la ligne existante entre Dijon et Modane : "La modernisation de la ligne existante Dijon-Modane sera conduite pour lui permettre d'accueillir dans de bonnes conditions les trafics de fret sur l'itinéraire international Lyon-Turin lors de la mise en service du tunnel de base et de faire face à l'accroissement des transports ferroviaires du quotidien."
"Concernant les sections nouvelles entre Lyon et la section transfrontalière du tunnel, les réflexions seront poursuivies pour déterminer les phasages pertinents afin de faire face dans la durée à l'accroissement des trafics", rappelle ce rapport suite à de premières recommandations du COI en 2018.
La modernisation de la ligne existante permettrait le transport de 16,8 millions de tonnes de fret par an. Soit 67 % de l'objectif de 25 millions de tonnes par an.
Une mise en service en 2042 ?
Le COI suggère aussi de revoir l'impact environnemental du projet : "L'évaluation environnementale établie en 2011 pour la DUP sur les deux phases des accès français et l'ensemble du projet doit être également reprise et mise à jour sur la base du scénario retenu in fine."
Autre problématique : le COI n'envisage pas une mise en service complète d'ici 2042, quel que soit le scénario retenu. De l'autre côté de la frontière, en Italie, l'impatience est de mise : les voies d'accès italiennes devraient être prêtes dès l'ouverture du tunnel de base du Lyon-Turin, en 2032.