Faute de pouvoir faire circuler des trains sur le réseau ferré de la vallée de la Maurienne en raison de travaux, la SNCF a mis en place un service de bus depuis le début du mois de mai. Un service sous-dimensionné par rapport à l'affluence. Le 8 mai, jour de retour de pont, une vingtaine de passagers est restée à quai, faute de places dans les bus.
"Pas de trains entre Modane et Chambéry depuis le 2 mai et jusqu'au 12 du même mois : travaux sur la ligne". L'information était connue des usagers des gares de Modane, Saint-Michel de Maurienne et Saint-Jean de Maurienne. Les travaux sont liés à la future ligne TGV entre Lyon et Turin et doivent, d'après la SNCF, "permettre de finaliser les essais et de parachever la mise en service de trois postes de signalisation, de faisceaux de voies de service et d’une sous-station électrique".
Pendant ces travaux, la SNCF a mis en place des bus de substitution mais face à l'affluence leur nombre s'est avéré insuffisant le 8 mai, jour de retour de pont.
Un seul bus de 50 places
"Le bus de 16h22 devait déjà être quasiment plein au départ de Modane, car quand il est arrivé à la gare de Saint-Jean de Maurienne, il n'y avait pas assez de place pour nous. Nous étions une vingtaine à ne pas pouvoir monter", explique Callixte Fort, un habitant de Valmeinier (73) qui a dû finalement opter pour le covoiturage afin de rejoindre à temps Chambéry et sa correspondance vers Paris.
"Car pour le bus de 18 heures, le même scénario que pour le bus précédent s'est reproduit", explique Callixte Fort.
Un scénario auquel on ne s'attendait visiblement pas à la SNCF. "On a pourtant fait le maximum pour faire correspondre l'offre de bus à la demande exprimée par les usagers à travers leurs réservations", explique-t-on à la direction SNCF de Chambéry. Avant de faire remarquer que le bus précédent, à 15h11 (qui compte beaucoup plus d'arrêts et arrive à la même heure à Chambéry) n'a refusé personne.
La faute aux clients alors, trop nombreux à vouloir faire durer le plaisir avant de rentrer de ce long pont du 8 mai ?
Un collectif d'usagers du TER Chambéry-Modane
"Ce qui est certain, expliquent plusieurs "naufragés" des bus du 8 mai, c'est que de façon plus générale, le service de proximité de la SNCF en Maurienne se dégrade chaque année davantage. Avec la disparition de guichets, à Saint Michel de Maurienne par exemple, mais surtout, il n'y a aucune borne dans la vallée pour acheter des billets grandes lignes".
Une incitation de la SNCF pour réserver sur internet qui trouve souvent sa limite dans les zones de la vallée les plus mal connectées.
Un souci parmi beaucoup d'autres pour le tout nouveau "Collectif pour la ligne TER 53 Chambéry-Modane". Fort d'une soixantaine de membres - dont de nombreux salariés des sites industriels de la vallée - il a organisé trois réunions de suivi de la qualité de la ligne depuis sa constitution l'an dernier.
Autour de la table, membres du collectifs, élus locaux, et représentants de la SNCF "pour faire remonter les soucis récurrents de la ligne Chambéry-Modane, explique Nicolas Eloy, l'une des chevilles ouvrières du combat des usagers mauriennais, car parfois, il suffit d'une discussion pour trouver une solution à un souci de train qui gâche la vie au quotidien de dizaines de travailleurs ou de lycéens de la vallée".
Et de citer l'exemple de ce train du matin, trop petit pour contenir ses voyageurs de l'heure de pointe. "Il a suffit de l'échanger avec le train de plus grande capacité prévu, étrangement, à une heure de moindre affluence, pour résoudre définitivement le problème", se félicite Nicolas Eloy.
Le type de solution "de bon sens" qu'il faudra multiplier d'ici 2032, date prévue de la fin des travaux du Lyon-Turin en vallée de la Maurienne.