REPORTAGE. Alexis Pinturault a remporté la médaille d'or sur le combiné des Championnats du monde de ski alpin 2023, ce mardi 7 février. Une performance de haut vol réalisée devant son public de Courchevel et notamment les jeunes skieurs du club des sports de Courchevel où il a fait ses gammes. Nous étions parmi eux dans les tribunes.
En combinaison façon treillis militaire, les jeunes skieurs du club des sports de Courchevel se démarquent bien du reste de la foule venue en nombre, ce mardi 7 février, pour supporter Alexis Pinturault. La course du jour, le combiné hommes, est une des plus grandes chances de médaille pour le Savoyard lors de ces Championnats du monde de ski alpin.
Charlie, jeune licencié du ski club, est venu avec son père pour encourager "l'enfant du pays" : "Alexis, c'est le champion local. C'est le seul de Courchevel à ramener de grands résultats en ce moment. Même s'il y a eu des déceptions, ça reste une fierté."
Pas de déception ce mardi matin : au terme du Super-G, Alexis Pinturault est devant avec une très légère avance de 6 centièmes sur l'Autrichien Marco Schwarz. Tout le club peut exulter mais rien n'est encore fait : il reste le slalom pour départager les spécialistes de la discipline.
Hugo, un autre jeune du club, se lance et pronostique une victoire finale de "Pintu" : "Devant son public, c'est obligé. Il doit trop y tenir."
Un lien fort
La relation entre Alexis Pinturault et la station de Courchevel est aussi étroite que familiale. Dans les années 60, les grands-parents du skieur exploitent les premiers attraits touristiques de la station et investissent dans l'hôtellerie. Aujourd'hui encore, son père, Claude, y dirige un luxueux hôtel niché près des pistes.
"Il a un rapport très fusionnel avec Courchevel. Les Pinturault sont très impliqués dans l'hôtellerie avec, au début, Les Sherpas 1850, puis l'Annapurna (deux adresses fondées par la famille Pinturault, ndlr). Quand il était petit, Alexis partait de l'hôtel familial à ski pour rejoindre le stade de slalom. Son père est aussi adjoint au tourisme à la mairie de Courchevel", raconte Michel, le papa de Loïc, moniteur de ski, veste rouge de l'ESF sur le dos.
Il poursuit : "Les Pinturault sont encore plus impliqués maintenant dans l'hôtellerie avec Alexis qui a racheté Les Peupliers, au Praz." Cet autre hôtel de la station devrait en effet être géré par le skieur après sa carrière sportive, dont la fin est envisagée au lendemain des Jeux olympiques d'hiver 2026.
"Alexis Pinturault habite ici. Même si son camp d'entraînement en hiver est en Autriche, il passe beaucoup de temps dans la station. On le rencontre de temps en temps dans Courchevel. On le croise des fois à vélo, l'été dans la montagne. Mais on n'a pas le temps de discuter beaucoup parce que, en vérité, il va trop vite pour nous. Il nous dit bonjour, nous demande comment on va, puis après hop : on ne le voit plus", sourit Michel.
L'important c'est de profiter de toute cette atmosphère et de cette énergie qu'il va y avoir ici.
Alexis Pinturault.
Entre les deux manches du jour, Alexis Pinturault ne dément pas : le lien avec ses supporters est spécial : "La pression du public, je la prends plutôt d'un bon côté dans le sens où c'est une chance extraordinaire. Je pense que peu d'athlètes peuvent vivre ça. Peu importe ce qui se passe, je ne sors pas forcément d'une très bonne saison cette année, mais ce n'est pas si grave : l'important c'est de profiter de toute cette atmosphère et de cette énergie qu'il va y avoir ici. C'est chez moi et il faut que j'en profite", nous raconte tout sourire le Savoyard.
"Le public, on l'entend au départ et à l'arrivée surtout. Pendant qu'on skie ce n'est pas forcément le cas. Ça peut arriver, on entend comme un brouhaha s'il y a énormément de monde mais ça dépend aussi de la discipline et de la vitesse à laquelle on descend", ajoute-t-il.
"Un très beau passage"
Il est 14h30. Gaspard et James, âgés de 12 et 14 ans, ont les yeux rivés sur les piquets du slalom. Leur "modèle" prend le départ, n'enfourche aucune porte et réalise un très bon passage pour s'adjuger la première place, au dépens de son rival Marco Schwarz pour 10 centièmes.
La première médaille française dans ces Mondiaux est en or pour le plus grand bonheur des deux ados : "Schwarz ne peut pas gagner tout le temps. Il faut laisser un peu les autres gagner. Je suis content pour Alexis, vu que la saison dernière il n'a pas obtenu beaucoup de résultats. Là, c'est pas mal du tout ce qu'il a fait", commente James.
Il nous apporte beaucoup de bonheur.
Gaspard, licencié du club de ski de Courchevel.
Son copain le coupe : "C'est plus que 'pas mal', c'était un très beau passage. Il a battu Schwarz avec un peu de chance, mais l'Autrichien a peut-être un peu craqué, je pense", analyse-t-il avant d'y aller de sa petite anecdote avec l'enfant du pays : "Il est déjà venu chez moi, je le connais bien. C'est l'enfant du pays, c'est une fierté. Il est très sympa, ça fait plaisir qu'il gagne parce qu'il nous apporte beaucoup de bonheur."
Pourtant cette victoire n'était pas acquise. Après des résultats mitigés en début de saison, Pinturault a abordé ces Mondiaux "fiévreux" et "souffrant" : "Ça ne m'est jamais vraiment venu à l'esprit d'abandonner, mais j'étais préoccupé par mon état de santé, c'était important d'aller mieux (lundi). J'ai été soulagé de sentir que ça allait mieux. (...) Je n'ai pas été trop affecté par la maladie", a-t-il précisé en conférence de presse d'après-course.
De bon augure pour la suite : Alexis Pinturault, auteur d'un très bon Super-G ce mardi, devra donc être au départ de la discipline ce jeudi.