"On essaye de capter ce moment de leur voyage", la LPO de Savoie initie les habitants au comptage des oiseaux migrateurs

Chaque week-end, l'association de la Ligue de Protection des Oiseaux (LPO) de Savoie invite les habitants à recenser les espèces présentes dans le ciel. Un comptage précieux durant la période de migration.

Chaque week-end, les bénévoles de la Ligue de Protection des Oiseaux (LPO) de Savoie posent leur longue-vue sur les hauteurs du département. Ce dimanche 26 février, ils étaient une dizaine à placer leur chaise pliante sur la commune de Saint-Maurice-de-Rotherens et à lever les yeux vers le ciel.

Compter pour mieux comprendre l'évolution des flux migratoires

Équipés de jumelles ou de longues-vues, les bénévoles de la LPO s'arment de patience. Ce week-end, les conditions n'étaient pas totalement réunies. Mais quelques volatiles pointent tout de même le bout de leur bec : "On a pu voir quelques petits passereaux, beaucoup de pinceaux surtout et aussi quelques grives. On est dans une bonne année visiblement pour les grives avec de jolis passages. On espère voir quelques rapaces", affirme Annouck venue participer au comptage des oiseaux. 

Arrivée récemment dans la région, la jeune femme scrute les couloirs migratoires depuis déjà quelques années. Mais c'est la première fois qu'elle découvre le site de Saint-Maurice-de-Rotherens. Annouck prend plaisir à parcourir de nouveaux spots d'observation : "Ici, c'est une belle découverte ! C’est un plaisir pour le regard. On va se perdre dans ce paysage à la recherche du moindre petit point. Même une feuille qui vole va attirer l’attention. On est vraiment là pour attraper l’oiseau dans son passage et essayer de capter ce moment dans son voyage."

La LPO de Savoie organise chaque week-end des sessions de comptage des espèces à la fin de l'hiver. En période de migration, cela permet de mieux comprendre les flux migratoires et leurs évolutions. Bénévole depuis 10 ans, Véronique Rémyot a appris à dénombrer les oiseaux par paquet de 10, 50 voire même 100 : "On sait que les oiseaux migrent, mais cela permet de comprendre comment, pourquoi et quand. Cela nous donne des idées dans le temps et s’il y a une recrudescence ou une diminution de leur nombre. On note tout dans une liste."

La Savoie, au cœur d'un couloir migratoire reliant l'Afrique du Nord à la Pologne

Sur les hauteurs de Saint-Maurice-de-Rotherens, de nombreuses espèces empruntent un couloir migratoire. Le 19 février, les bénévoles de la LPO avaient enregistré pas moins de 650 volatiles traversant ce flux qui relie l'Afrique du Nord aux pays de l'Est.

"Ils passent par le détroit du Gibraltar, car c’est la partie la moins large au niveau de la mer. Les oiseaux comme les buses ou les grues ne vont pas pouvoir y trouver de l’ascendance sur la mer. Ils remontent ensuite soit par notre passage côté est, soit par le couloir ouest, l'Atlantique. Ils se dirigent vers le lac Léman, la Suisse puis l’Allemagne jusqu'en Pologne. Selon l’espèce, ils vont plus ou moins loin" explique Pascal Presson, l'organisateur du comptage.

Dans ce couloir migratoire, la LPO Savoie a recensé près de 80 espèces différentes. De nombreux milans royaux le traversent. Ces rapaces sont reconnaissables grâce à leur fourche située au niveau de la queue.

En 2022, l'association savoyarde a comptabilisé 40 000 oiseaux. Ce mercredi 1er mars, la Ligue de Protection des Oiseaux de Savoie invite les curieux à venir découvrir les volatiles du lac du Bourget.