"On est écœuré du métier" : éleveurs laitiers depuis 30 ans, deux agriculteurs vont devoir abandonner leur production faute de collecte

Laurent Didier et Nathalie Paquet sont éleveurs de vaches laitières depuis plus de 30 ans en Savoie. Sans laiterie pour acheter leur production, ils risquent de devoir mettre la clé sous la porte d’ici au 1ᵉʳ octobre.

"On est écœuré du métier. C’est à se demander s’il faut continuer." Laurent Didier et Nathalie Paquet sont exploitants agricoles et producteurs de lait à Saint-Franc en Savoie. Installés depuis le début des années 90, ils risquent, à la fin de ce mois de septembre, de tout arrêter. Car s’ils ne trouvent pas de laiterie pour acheter leur lait de vache, la production de leurs vaches ne sera plus collectée le 1ᵉʳ octobre et sera donc perdue.

"Ça fait mal au cœur parce que tout ce qu’on a construit, ce que mes parents ont construit aussi, ça peut partir du jour au lendemain parce que personne ne veut collecter notre lait", déplore Laurent Didier.

"Nous n’arrivons plus à vivre du bio"

Avec la crise Covid et l’inflation, Laurent Didier et Nathalie Paquet, producteurs de lait bio depuis 2018, n’arrivent plus à se payer. "Au départ, je suis passé en bio, car c’était plus rémunérateur que le conventionnel. Avec la crise, le bio est passé en second plan au niveau de l’alimentation des Français et maintenant ça ne paie plus alors qu’on est soumis à plus de contraintes", explique Laurent Didier. "Le litre de lait bio est payé moins cher que le conventionnel et nous n’arrivons plus à faire face à nos charges".

Face au manque de rémunération dans la filière bio, les deux exploitants ont décidé de revenir au conventionnel. Mais un nouvel obstacle leur fait face : "Comme nous ne sommes plus en bio, on doit changer de collecteur. Mais personne ne veut nous collecter", regrette Laurent Didier. 

Du lait sans laiterie

Le troupeau des deux producteurs est composé d'une cinquantaine de vaches, "essentiellement de la brune des Alpes et de la jersiaise", détaille Nathalie Paquet. Des vaches qui ne conviennent pas au cahier des charges du lait de Savoie : "On ne peut pas livrer en coopérative savoyarde. Comme si le lait de nos vaches n’était pas aussi blanc que le lait des autres !", s’insurge Laurent Didier.

Ils contactent alors la laiterie la plus proche susceptible d’accepter de les collecter. Celle-ci, située à 11 km de leur ferme, refuse, avançant des raisons de distance.

Depuis, Laurent Didier et Nathalie Paquet vivent dans l’incertitude. "Soit on change complètement notre troupeau et c’est toute notre carrière qui s’envole, soit on essaye de mettre en valeur le lait des jersiaises à travers du fromage, mais c’est un investissement important". Une chose est sûre, l’échéance se rapproche…

En France, le nombre d’exploitations qui renoncent au bio ne cesse d’augmenter. En 2022, plus de 3 000 d’entre elles sont revenues à une agriculture conventionnelle.

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