PORTRAIT. Julia Simon, une Savoyarde au sommet du biathlon mondial

Julia Simon vient de remporter le gros globe de cristal, le classement général de la coupe du monde, ce samedi 18 mars à Oslo, en Norvège. Il y a quelques semaines, France 3 Alpes avait réalisé un portrait de la plus fine gâchette des Bleues que nous vous proposons à nouveau aujourd'hui. [première publication le 5 janvier 2023]

Elle aurait pu devenir une star de la descente ou du slalom, et c'est d'ailleurs sur des planches de ski alpin que Julia Simon a fait ses débuts dans le monde de la glisse. Quoi de plus naturel lorsque l'on est née à Albertville, que l'on vit à Villard sur Doron en Savoie, et que son père, agriculteur, est aussi pisteur-secouriste l'hiver ? 

Pourtant rapidement, au sein du club des sports des Saisies, elle opte pour le nordique.

"On m'a mise d'abord au ski alpin pour apprendre à chausser les skis et à descendre les pentes et de fil en aiguille j'ai essayé le ski de fond aussi. On faisait les deux au club. J'ai beaucoup plus accroché avec l'ambiance du ski de fond où il y avait un peu plus de camaraderie, les copains, etc... Et je préférais être au milieu de la nature, me dépenser", nous confie-t-elle au téléphone, depuis son hôtel de Pokljuka où elle dispute la quatrième étape de coupe du monde. 

En fin de collège, elle s'oriente vers le biathlon après avoir succombé au plaisir du tir : d'abord au plomb à dix mètres, puis avec une carabine 22 long rifle.

Formée au club des sports des Saisies

Un choix qui ne va pas de soi, à l'époque, dans les Alpes où l'alpin est roi. "C'est sûr que l'âme nordique, elle se trouve dans le Jura, mais j'espère que les choses sont en train de bouger. On a de très très bons clubs qui commencent à très bien former les jeunes en Savoie dont le club des sports des Saisies avec qui j'ai eu la chance d'évoluer. Il a formé également Justine Braisaz-Bouchet (ndlr : championne olympique en titre de la mass-start) et d'autres championnes en ski de fond. Je pense que pour les jeunes, le fait qu'il y ait aussi des champions dans leur club et dans leur région, ça leur donne envie, c'est cool et ça permet de faire connaître un peu plus le ski nordique"

Et aujourd'hui, "je ne regrette pas mon choix, je m'éclate dans ce que je fais", assure la Française qui brille sur le circuit mondial.

J'espère qu'il y a des jeunes filles qui s'identifient à nous et qui rêvent de faire la même chose que nous

Julia Simon

Depuis ses débuts en compétition, le biathlon français est monté en gamme et a gagné en exposition médiatique. L'organisation d'une étape de coupe du monde de biathlon au Grand-Bornand est venue donner un coup d'accélérateur à la discipline dans les clubs des Alpes.

"Cela permet de montrer que notre sport continue à grandir et à évoluer et qu'il y a de plus en plus d'engouement aussi", estime-t-elle.

A 15 ans, ses modèles dans le biathlon étaient masculins, à l'instar de Raphaël Poirée. Aujourd'hui, l'équipe féminine est autant dans la lumière que les hommes alors Julia Simon espère "qu'il y a des jeunes filles qui s'identifient à nous et qui rêvent de faire la même chose que nous".

Un tir couché qui fait rêver

En quatre ans, la jeune femme de 26 ans a signé 53 podiums en Coupe du monde dont 12 victoires, une médaille d'or lors des Championnats du monde et une médaille d'argent olympique.

Des performances acquises notamment grâce à un tir supersonique qui a pu parfois la desservir. Cette année, la Savoyarde a réussi à stabiliser son tir pour devenir l'une des plus fines gâchettes du circuit avec l'Autrichienne Lisa Theresa Hauser notamment.

Elle enregistre 92% de réussite depuis le mois de novembre et des statistiques sur le coucher à affoler n'importe quelle base de données avec seulement une balle manquée sur 75 balles tirées. 

"C'est vraiment bien mais on sait que le biathlon c'est un éternel recommencement", relativise la biathlète des Saisies. "L'objectif c'est de continuer à faire les choses comme je les ai faites depuis le début de saison, à ne pas vouloir surjouer, à rester  dans mes marques et on verra ce que cela donne".

Julia Simon préfère également garder la tête froide lorsqu'il s'agit de parler du dossard jaune. Le gros globe de cristal est encore loin d'être acquis et jusqu'ici elle ne l'avait pas dans son viseur.

Objectif globe de cristal ?

"J'ai encore du mal à me projeter sur tout ça et je veux vraiment prendre les courses les unes après les autres et on verra ce que cela donne".

Pas question donc de prendre la grosse tête. Le biathlon est, pour elle, un sport d'humilité. "C'est une très belle expérience pour moi pour plus tard et j'essaye de gérer ça assez simplement en restant dans ce que je sais faire et en restant la personne que je suis".

La passion du bois

Pour faire le vide, Julia Simon a sa propre méthode : la menuiserie, une passion qu'elle vit en parallèle de sa carrière de biathlète. Une passion pas si éloignée de son sport car il y est toujours question de planche, de précision et de méthode. Elle a d'ailleurs façonné elle-même une pièce de sa carabine.

"Je ne sais pas pourquoi le bois m'a toujours attirée, j'ai toujours bien aimé faire des choses avec mes mains, c'est quelque chose qui ne s'explique pas. Je n'ai personne dans ma famille qui est menuisier ou ébéniste mais j'ai toujours aimé ça et mon père m'a toujours laissé l'aider quand il bricolait dans la maison, donc je pense que ça a nourri cette envie-là. Et après le lycée, je me suis dit que je n'avais pas envie de faire une fac de sport comme la plupart des sportifs. J'avais envie d'apprendre un métier qui plus tard pourrait me servir et du coup je suis partie dans le bois".

La tête sur les épaules, la biathlète savoyarde est encore loin de penser à sa reconversion alors qu'elle semble à l'acmé de sa carrière. "Le plus important c'est de transmettre des émotions, donc j'espère que les gens prennent du plaisir à nous regarder et que ça continuera longtemps", conclut-elle.

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