Nordahl Lelandais comparaît à partir de ce lundi 3 mai devant la cour d'assises de Savoie pour le meurtre d'Arthur Noyer, un jeune chasseur alpin de 23 ans, stationné en Savoie mais originaire de Bourges. Ses proches décrivent un jeune homme sportif, souriant, volontaire, sans histoires.
Sourire large et franc, regard un brin espiègle, l'allure sportive et dynamique, Arthur Noyer transpirait la joie de vivre. Il "rayonnait" d'après ses camarades de chambrée du 13e bataillon de chasseurs alpins de Barby en Savoie. Les photos qui restent de lui esquissent une vie en mouvement, dans l'action. Des skateparks, aux théâtres d'opérations militaires.
"Arthur, c’est la vie. C’est un bon vivant qui aime faire la fête et s’amuser. C’est un garçon qui vit sa vie de 23 ans", dira sa mère, Cécile Noyer-Maltet, sept mois après sa disparition, le jour de son 24e anniversaire, lors d'un hommage festif à son fils.
Une passion pour le skate dès l'enfance
Le jeune homme a grandi à Bourges où il était une figure locale du skate. "Il a commencé vers 5-6 ans. Je leur avais acheté un skate d'occasion avec son frère dans une brocante et Didier (ndlr : le père d'Arthur Noyer) leur a fabriqué une rampe. Après ils ont continué tous les deux. Arthur, son skate, il l'avait toujours avec lui dans le coffre de la voiture", racontera Cécile Noyer-Maltet lors de l'inauguration du skatepark de la ville qui porte désormais le nom de son fils.
Une passion partagée, dans la capitale du Cher, par Quentin Dubeau qui voyait en Arthur, de quatre ans son aîné, "un mentor". A l'époque, au début des années 2010, Arthur Noyer le conseille, lui tend la main et l'intègre à son groupe. Quentin décrit "quelqu'un de très ouvert, souriant, chaleureux qui avait toujours la petite blague, le petit mot rigolo".
Un jeune homme "ouvert", "au contact facile"
Sa passion de la glisse l'emmène sur d'autres terrains. Sur la côte basque, il se met au surf. En montagne, il opte pour le snowboard. Des sports solitaires qu'Arthur Noyer pratique avec famille et amis.
Des amis, il en avait beaucoup. Des dizaines d'amis qui ont fait plus de 500 km un mois après sa disparition pour distribuer des avis de recherche à Chambéry aux côtés de ses parents.
Le jeune homme avait "le contact facile", raconte-t-on unanimement dans son entourage. "Arthur était un jeune homme sincère, bienveillant, aimant... et tant aimé", ajoute sa mère sur les réseaux sociaux.
Un militaire "mâture" et prometteur
Depuis son départ du cocon familial et son arrivée au bataillon de chasseurs alpins près de Chambéry en 2014, Arthur Noyer avait rejoint une nouvelle famille, celle de l'armée de terre.
"Le caporal Noyer était un chasseur de grande qualité. Depuis son arrivée au 13e BCA, il montrait beaucoup de dynamisme et de maturité", soulignera le colonel Emmanuel Devigne, l'un de ses supérieurs, lors d'une conférence de presse en décembre 2017.
Avec son unité, il était parti protéger Paris au lendemain des attentats de 2015 dans le cadre de l'opération Sentinelle, puis avait effectué une mission en Nouvelle-Calédonie. "Ses qualités de chef étaient avérées au sein de la compagnie. Il a tout de suite su prendre en compte ses chasseurs, ses subordonnés, et les commander avec beaucoup d'aisance, beaucoup d'amitié. Cela m'a permis, avec ses cadres, de le remarquer au sein de la compagnie et de le proposer ensuite pour accéder au cursus semi-direct qui lui aurait donné un statut de sous-officier", ajoutera le capitaine Thibault, commandant de la compagnie dans laquelle évoluait Arthur Noyer.
Devant lui, se dessinait la promesse d'une carrière militaire.
Ses frères d'armes, une deuxième famille
Un jeune homme fiable, avec un grand sens de l'engagement. Des traits de caractère qui ne collaient pas avec le profil du déserteur. A la caserne de Roc Noir à Barby, personne n'y a cru. "Ce n'était pas un comportement normal de sa part", ajoutera le colonel Emmanuel Devigne. Même si "administrativement", le caporal Noyer fut inscrit un temps dans cette case, faute d'alternative, au grand dam de ses parents.
Ses frères d'armes l'ont donc, eux aussi, cherché pendant de longues semaines. Ils étaient une cinquantaine à défiler lors d'une marche blanche à Chambéry. Ils étaient autant à se rendre à Bourges pour ses obsèques le 7 septembre 2018.
"La haine, c'est tout ce qu'Arthur détestait"
"Je l’ai toujours connu avec le sourire, je ne l’ai jamais vu s’énerver", confie encore Quentin Dubeau. Ses proches ne croient donc pas à la thèse de la bagarre, qui aurait mal tourné, avancée par Nordahl Lelandais.
"C’était quelqu’un de positif", "une belle personne", amateur de "chorégraphies rock" qu'il "faisait avec son frère", soulignera son père Didier Noyer, lors de la cérémonie d'adieu à son fils dans la cathédrale Saint-Etienne de Bourges.
Par respect pour la mémoire de ce jeune homme solaire et sans histoire, ses proches ont donc demandé à leurs soutiens et à la presse que le procès de "l'autre" -Nordahl Lelandais- devant la cour d'Assises de la Savoie se tienne dans "la sérénité" et "la dignité" pour "que justice soit faite".
"La haine, c'est tout ce qu'Arthur détestait", a conclu l'avocat de la famille Noyer.