La station de La Plagne, en Savoie, va démonter ses installations sur les glaciers de la Chiaupe et de Bellecôte et ainsi réduire la surface de son domaine skiable d'ici trois ans. Une décision motivée par les conséquences du réchauffement climatique et la fonte des glaciers.
"C'est très simple : tout va disparaître. Dès ce printemps, on démonte tout ce qu'il y a ici, les chalets, les bâtiments, les télésièges... On va essayer de rendre cet endroit le plus proche possible de son état original", explique Luc Nicolino, directeur du service des pistes de La Plagne, au milieu des skieurs venus profiter de la neige sur le glacier de la Chiaupe.
C'est la dernière année où il sera possible de skier dans cette zone, ainsi que sur le glacier de Bellecôte, situés à près de 3200 mètres d'altitude. D'ici trois ans, les lieux seront rendus à leur état naturel.
La station savoyarde a choisi, au début de l'hiver, de démonter une partie de ses installations dans le secteur des glaciers de la Chiaupe et de Bellecôte. Pour les amateurs du domaine, il ne sera donc plus possible de s'y rendre en ski alpin dès l'hiver prochain. Une nouvelle télécabine doit voir le jour dès l'hiver prochain. Sa gare d'arrivée sera installée 200 mètres plus bas, dans un autre versant que celui des glaciers. "Elle sera repositionnée dans un lieu sain", indique Luc Nicolino.
Depuis plusieurs années, on avait des télésièges qui bougeaient
Luc Nicolino, directeur du service des pistes de La Plagne
Depuis quelques années, La Plagne fait face aux conséquences directes du réchauffement climatique : avec la fonte des glaciers s'opère "une décompression des masses rocheuses" qui les bordent. La fonte du permafrost provoque ainsi des mouvements de terrain qui touchent les installations : "Déjà depuis plusieurs années, on avait des télésièges qui bougeaient. Au début, très peu. Puis de plus en plus. Au début, on recale et on remet aux normes. Mais depuis 2015, tout s'accélère très vite. C'est ce qui nous a fait décider de ne plus revenir sur ce domaine."
Des pistes en moins
Au total, 9 hectares vont être rendus à la nature. Une décision motivée par les fortes températures de ces dernières années : "Ça fait déjà une bonne dizaine d'années que l'on voit ce glacier fondre de plus en plus vite sous l'effet du réchauffement climatique. Il y a une quantité de neige moins importante qui l'alimente."
Ces températures et la fonte du permafrost avaient provoqué un important éboulement à proximité, sur le glacier de Bellecôte, en octobre dernier. Une coulée de pierres, estimée entre 50 000 et 100 000 mètres cubes de roches, est venue modifier le paysage, sans faire de victime.
"Cet écroulement est consécutif à une année 2022 particulièrement chaude. C'est d'ailleurs l'année la plus chaude observée depuis le début des mesures en France. Ça s'est produit au cours d'un mois d'octobre exceptionnellement chaud à très haute altitude", explique Stéphane Roudnitska, spécialiste du permafrost pour le service "restauration des terrains de montagne" (RTM) de l'Office national des forêts (ONF). Un organisme missionné par le ministère de la Transition écologique pour étudier et prévenir les risques glaciaires et périglaciaires dans le cadre d’un plan d’action national, en lien avec les laboratoires de recherche.
Sur les 130 pistes que compte le domaine skiable, trois vont être supprimées, dont deux pistes pour débutants et une piste noire. Au total, 35 pylônes, 630 mètres de câbles de remontées mécaniques et 1800 mètres de câbles électriques vont être supprimés. Cela marque ainsi la fin du ski sur les glaciers historiques de La Plagne.
Le chantier, d’un coût total de 30 millions d’euros débuté il y a deux ans déjà, devrait s’achever d’ici 2026. À noter que chaque hiver, la station accueille entre 2 et 2,5 millions de skieurs, dont 25 % montent jusqu’au sommet à 3250 mètres d’altitude.