En Savoie, chroniques d'un confinement d'en haut : Solide comme un roc - 24e jour

Laurent Guillaume, présentateur du Magazine de la Montagne depuis plus de 20 ans, propose tous les jours ses "chroniques d’en haut" en attendant la fin du confinement. Il raconte avec authenticité et parfois humour le quotidien des habitants de sa vallée et porte un regard décalé sur l’actualité.

Société
De la vie quotidienne aux grands enjeux, découvrez les sujets qui font la société locale, comme la justice, l’éducation, la santé et la famille.
France Télévisions utilise votre adresse e-mail afin de vous envoyer la newsletter "Société". Vous pouvez vous désinscrire à tout moment via le lien en bas de cette newsletter. Notre politique de confidentialité

C’est à Valloire, commune située en Maurienne (Savoie) que Laurent Guillaume passe cette période de confinement, dans un hameau perdu situé à 1 700 mètres au dessus de la station. Ici, l’isolement est dans la nature des choses. 

Si vous avez manqué les épisodes précédents (1er au 23e jour), cliquez ici

Le Galibier, montagne de roche brute culminant à 3 228 mètres trône en solitaire aux confins de la vallée de Valloire. Ici, c’est un symbole, pour son col mondialement connu, mais aussi parce qu’il marque la fin d’un territoire. Il veille sur ses habitants comme un phare sur lequel s’accrochent tous les regards. Aux yeux des gens d’ici, c’est la plus belle montagne du monde, et la plus belle montagne du monde : c’est toujours celle qu’on voit depuis sa fenêtre. Il impose le respect, même s’il est loin d’être le plus haut sommet de la région, loin aussi d’être le mieux dessiné. On peut railler sa silhouette lourde, son manque de légèreté, d’élégance peut-être. N’empêche, à mes yeux comme dans ceux des habitants de mon hameau, c’est un totem. L’expression brutale d’une force bienveillante, solidement ancrée dans le sol, qu’aucun cataclysme ne pourrait ébranler tant ses formes rassurantes semblent avoir été créées pour soulever la vallée. 

On peut puiser une force exceptionnelle en contemplant la montagne, dit-on. Cet après-midi, des heures durant, je l’ai observé. Et c’est vrai que ce sommet, comme tous les autres autour de lui, défie le temps avec une puissance glaciale. Il est le premier à se pavaner au soleil le matin, puis le dernier à s’assombrir le soir, depuis quelques millions d’années. Certes, le réchauffement climatique lui a déjà changé sa robe d’été, son glacier n’est plus que l’ombre de lui-même, mais il ne s’agit que d’un détail à l’échelle géologique, aussi frivole que la couleur d’une écharpe. Lui, le roc, n’a pas bougé. Et il ne bougera pas, en tout cas ces prochains milliers d’années. Peut-être perdra-t-il ici ou là quelques rochers qui tomberont en contrebas, comme les cheveux d’un homme mûr, mais ça aussi, c’est un détail. Lui, impassible, indifférent aux catastrophes, aux vents mauvais, au temps qui passe comme au temps qu’il fait, sera toujours là. Sa force, sa sérénité, sa résistance : c’est à son cœur de pierre qu’il les doit. Voilà bien toute la différence avec les êtres de chair et de sang.

Le Galibier, c’est lui que je vois depuis ma fenêtre, et c’est une raison suffisante pour qu’il soit, à mes yeux, la plus belle montagne du monde. Et mon refuge de pierre.

A suivre...


 
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Veuillez choisir une région
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité
Je veux en savoir plus sur
le sujet
Veuillez choisir une région
en region
Veuillez choisir une région
sélectionner une région ou un sujet pour confirmer
Toute l'information