Alors qu'il semblait sur un boulevard pour remporter le Globe de cristal de ski alpin, le Savoyard Alexis Pinturault a vu son avance sur le Suisse Marco Odermatt fondre. Alors qu'il ne reste que six courses à disputer, le skieur de Courchevel n'a pas le droit à l'erreur ce week-end à Kranjska Gora.
En janvier, Alexis Pinturault était sans doute loin de se douter qu'il allait se trouver dans une telle situation. Son principal rival dans la course au Globe de cristal et tenant du titre, Aleksander Aamodt Kilde, victime d'une rupture du ligament croisé, avait déclaré forfait pour la fin de saison. Henrik Kristoffersen, sur le podium du général depuis 2016, était à la peine. Le slalomeur Marco Schwarz restait à distance du skieur de Courchevel. Restait Marco Odermatt, 3e provisoire le 17 janvier, à 277 points du Français alors qu'il ne restait que 18 courses à disputer. "Je ne pense pas au classement général, Alexis Pinturault est trop fort cette année", avait déclaré le Suisse de 23 ans à l’AFP lors des entraînements de descente de Kitzbühel en Autriche, fin janvier. Le skieur de 29 ans avait un boulevard devant lui.
Deux mois plus tard, la donne a complètement changé et Pinturault n'est plus aussi sûr de remporter son premier Gros globe en carrière. Son avance de 210 points sur le Suisse s'est etiolée après le dernier week-end à Saalbach (Autriche), où Marco Odermatt a remporté son premier super-G dimanche (sa troisième victoire en carrière), loin devant le skieur français, 15e. Conséquence, il est revenu à 81 points du leader : le Français compte désormais 1 050 points, le Suisse 969. "Marco Odermatt est vraiment dans une bonne forme, au classement général, ça se resserre mais c'est normal. On sort d'un week-end de vitesse et je ne m'en fais pas. Je reste devant au classement mais il reste un gros client, c'est une certitude", avait avoué le Français à l'issue du super-G.
Pour David Chastan, directeur de l'équipe de France masculine, la pression est du côté de son protégé. "Alexis est en avance et c'est important. Odermatt est un jeune encore insouciant, frais, dans la position idéale du chasseur, et il n'a rien à perdre, donc il peut attaquer et prendre tous les risques, il reste joueur malgré l'enjeu."
Pas le droit à l'erreur
Il reste six courses. Une victoire rapporte 100 points, une deuxième place 80 points, une troisième place, 60. Le natif de Moûtiers n'a donc pas le droit à l'erreur ce week-end à Kranjska Gora (Slovénie), où il sera au départ d'un slalom géant samedi, où l'enjeu sera double. Les deux hommes, qui font tous les deux partie du top 3 mondial en géant, se disputent le petit globe de la spécialité. Le Français compte 25 points d'avance à deux courses de la fin.
"Pour moi tout est positif: Alexis a l'expérience, le ski, l'envie. Et l'enjeu du petit globe va l'aider à ne pas calculer en géant. Je n'ai pas besoin d'en rajouterauprès de lui, la situation est limpide."
Puis il y aura, toujours à Kranjska Gora, un slalom dimanche, non disputé par Odermatt.
Après ce week-end slovène, les skieurs iront en Suisse pour les finales à Lenzerheide, dès mercredi. Au programme, une descente (que ne dispute pas Pinturault), un super-G, un géant et un slalom (que ne dispute pas Odermatt). Avec cinq courses disputées par Pinturault contre quatre pour Odermatt sur les six restantes, le Français a encore son destin entre ses mains. Et reste le grand favori pour devenir le premier Français à remporter le classement général de la Coupe du monde depuis Luc Alphand, en 1997.