Les pêcheurs professionnels ont continué à travailler pendant les deux mois de confinement. Sur le lac du Bourget, en Savoie, ils traquent le lavaret dont les ventes bondissent depuis le début de la crise sanitaire.
Le soleil pointe à peine son nez au-dessus du mont Revard. A bord de "Surcouf", son bateau à fond plat, Jean-François Dagand prend le large en direction des tombants du lac du Bourget, en Savoie. Quatre jours par semaine, il vient relever ses filets posés la veille au pied de la Dent du Chat.
Confinement oblige, plaisanciers et pêcheurs amateurs ont déserté le lac depuis huit semaines. Le silence est à peine troublé par les cris des goélands, à l'affût de leur petit-déjeuner. "Le petit plus, c'est qu'il n'y a personne : pas d'avion, pas de bateau, pas de voiture... Il n'y a que les oiseaux et moi", constate le pêcheur, l'un des dix professionnels à traquer le lavaret, poisson emblématique de l'arc alpin, dans le plus grand lac naturel de France.
Voilà treize ans que ce fils d'agriculteur pêche "durablement" ce petit prince argenté qui fraye en hiver dans les eaux froides et se nourrit de plancton. Malgré la nette amélioration de la qualité des eaux du Bourget ces dernières années, le réchauffement climatique pourrait, à terme, menacer le salmonidé.
"Si on continue comme ça, il y a un risque que ces espèces d'eau froide nobles disparaissent, craint Jean-François Dagand. Mais il y aura toujours d'autres poissons dans le lac, comme la perche qui va peut-être profiter du réchauffement climatique parce qu'elle aime bien les eaux chaudes."
"Les gens redécouvrent le local"
Jean-François Dagand a très tôt fait le pari de la vente directe, sur les marchés locaux et à Côté Fermiers, un magasin de douze petits producteurs à Drumettaz-Clarafond, village savoyard de quelque 2000 âmes. Un circuit court qui séduit encore plus les consommateurs ces derniers temps.
"Les gens redécouvrent le local et une alimentation plus qualitative. On espère que ça va durer", souhaite le pêcheur. Depuis le début de la crise sanitaire, comme les volailles, fromages et légumes de ses associés, les lavarets de Jean-François Dagand ne restent pas longtemps sur leur étal. Les ventes de la coopérative ont bondi de 30%.