Dans son livre "Kevin Rolland : Pas le temps pour les regrets", le skieur savoyard dresse le bilan d'une carrière riche de succès, mais aussi d'épreuves. Après 17 ans au plus haut niveau, il se livre sur sa pratique du ski et sa vie personnelle. Rencontre.
Il y a eu de beaux moments : les premiers podiums, les X-Games, les JO. Mais aussi, les périodes plus difficiles : un coach toxique, quelques échecs et des blessures, parfois graves. Mais en fin de compte, "l'histoire était belle" pour Kevin Rolland, qui s'est confié dans un livre, publié mi-novembre.
"Kevin Rolland : Pas le temps pour les regrets" retrace la vie du skieur savoyard en texte et en photographie : "J'ai quand même une histoire forte après plus de 17 années de carrière. J'ai des photos très fortes, je trouvais que ça avait du sens de fusionner l'histoire à la photo. D'autant plus que ces photos ont été réalisées par mon ami Louis Garnier, que je connais depuis le CE1."
"Je sais que j'ai des photos de mes 14 ans jusqu'à aujourd'hui. De la naissance de mes enfants à mes victoires aux X-Games en passant par mon genou cassé, les championnats du monde... J'ai tout. J'ai donc voulu tout raconter aussi, du début à la fin", poursuit-il.
Des victoires et des échecs
Kevin Rolland, figure de proue du halfpipe français, a presque tout gagné sur la scène internationale. Il a même dépassé les propres limites de son sport, après avoir été désigné porte-drapeau de la France aux Jeux olympiques de Pékin en 2022, près de deux ans après une grave blessure. Mais derrière ces succès se cachent aussi des échecs : "Je n'ai jamais pris trop le temps dans ma carrière de parler des points noirs de ma vie. Là, j'ai pris le temps de les raconter. Je n'ai pas eu que les victoires et la fête."
Parmi les moments difficiles, il y a eu cette relation tendue avec un entraîneur. "Une toxicité qui va empirer dans des proportions inimaginables", décrit-il dans son livre : "Je ne suis pas quelqu'un de rancunier. Quand j'ai des problèmes avec les gens, souvent le temps les efface. Mais avec cette personne, il n'y a rien qui est effacé. Je lui en veux quand même énormément. Je trouvais normal de raconter cette histoire, qui était choquante. Mais surtout parce que je voulais que la parole se délie. J'ai des enfants, et je n'aimerais pas que ça leur arrive."
Forcément, quand il nous arrive un gros pépin, on apprend beaucoup sur soi. Là, en l'occurrence, je suis passé à côté de la mort.
Kevin Rolland
Puis, viennent les premiers pas chez les pros. Kevin Rolland découvre un monde, où il doit jouer des coudes pour faire sa place : "On doit financer nos saisons, on doit un peu tout faire. On attire beaucoup moins de médias que certains sports. Donc, depuis qu'on est jeune, il faut qu'on aille les chercher ou créer nos propres médias, nos propres histoires. C'est pour ça qu'il faut faire de la vidéo et de la compétition dès nos 18 ans. On est un peu nos propres directeurs marketing."
Dans ce livre, il évoque aussi sa grave blessure en 2019 lors de sa tentative de record du monde de quaterpipe. Il chute alors de plus de onze mètres comme "un pantin désarticulé pris dans le tourbillon de l'élan". Mais il parvient à surmonter cette épreuve grâce à ses proches. "Forcément, quand il nous arrive un gros pépin, on apprend beaucoup sur soi. Là, en l'occurrence, je suis passé à côté de la mort. Il y a eu tout un côté dramatique puisqu'au même moment, mon fils est né. C'était aussi merveilleux, j'étais tellement heureux d'être vivant et d'être papa que ça m'a aidé à me reconstruire."
"Kevin Rolland : Pas le temps pour les regrets" aux éditions Hugo Sport, 2023.