Le gypaète avait totalement disparu des Alpes : de sinistre réputation, il avait été éliminé par l'homme au XIXe siècle. Depuis plus de 30 ans, les spécialistes de cette espèce œuvrent à sa réintroduction. Cette année, dans le Parc national de la Vanoise, leurs efforts semblent récompensés.
Aujourd'hui, nous en sommes sûrs : le gypaète barbu, le plus grand Vautour, se plaît bien dans les Alpes. En effet, les gardes du Parc national de la Vanoise ont recensé sept couples reproducteurs et cette année, six poussins sur sept ont survécu : un record dans tout l'arc alpin.
Au XIXe siècle, le gypaète était considéré comme l'oiseau du diable. Celui que l'on surnommait " le casseur d'os" - le gypaète peut digérer des os longs de 30 centimètres - a été empoisonné, braconné et éliminé par l'homme. Alors après 34 ans de réintroduction peut-on dire que l'espèce est enfin sauvée ? "Elle est encore fortement menacée, rappelle Jérôme Cavailhès, chargé de mission faune au Parc national de la Vanoise. Certes, la dynamique de population est croissante mais cela ne tient à pas grand-chose. Rien n’est gagné, c’est un combat qu’il faut continuer."
La présence du bouquetin favorise celle du gypaète
Si le gypaète apprécie tant la Vanoise, c'est avant tout grâce à la présence de bouquetins. "Le gypaète est un vautour et donc un rapace nécrophage, qui se nourrit essentiellement d'os. Donc il a besoin que des animaux meurent pour pouvoir se nourrir, explique Jérôme Cavailhès. Ici, on a la chance d'avoir beaucoup d'ongulés sauvages, notamment des bouquetins. Et on sait que la présence du gypaète est liée à la présence du bouquetin."C'est à l'aide de balises placées sur les oiseaux que les gardes peuvent suivre leurs déplacements, analyser leurs comportements mais aussi repérer les obstacles qu'ils peuvent rencontrer en vol comme les câbles électriques ou les remontées mécaniques. Depuis des années, le Parc de la Vanoise sensibilise tous ceux qui pourraient perturber l'installation des gypaètes : les grimpeurs, les parapentistes par exemple. Avec Enedis, le Réseau de transport d'électricité (RTE) et 17 domaines skiables, le Parc a mis en place des signaux qui permettent aux oiseaux de mieux repérer les câbles.
Retrouvez le reportage de Jean-Christophe Pain, Franck Ceroni et Dominique Semet