Les propos d'un des deux professeurs accusé d'islamophobie à Sciences Po Grenoble étaient "extrêmement problématiques", a estimé mercredi 10 mars dans un entretien à l'AFP la directrice de l'établissement, qui "condamne très clairement" les affiches dont les deux enseignants ont fait l'objet.
La directrice de Sciences Po Grenoble a accordé un entretien à l'AFP ce mercredi 10 mars. Selon Sabine Saurugger, les propos d'un des deux professeurs accusé d'islamophobie à Sciences Po Grenoble étaient "extrêmement problématiques", a t-elle estimé.
L'Institut d'études politiques (IEP) est en proie à un vif conflit depuis l'affichage, jeudi 4 mars, des noms de deux professeurs accusés d'islamophobie, des "injures" pour lesquelles une enquête judiciaire a été ouverte sur signalement de l'établissement."Ces affiches mettent en danger non seulement la vie des deux collègues", a expliqué mercredi Sabine Saurugger, la directrice de l'IEP, "mais également l'ensemble des communautés étudiantes, enseignantes, personnel administratif". Des affiches qu'elle condamne.
Un échange de mails véhément sur la notion d'islamophobie
A l'origine de ces accusations notamment, un échange de mails véhément sur la notion d'islamophobie, en novembre et décembre dernier, entre un professeur d'allemand, dont le nom a été mentionné sur les affiches, et une historienne. Ce professeur d'allemand écrit notamment, dans des extraits qu'il a lui-même publié un temps sur son site internet, qu'il "n'aime pas beaucoup cette religion" qui lui fait parfois "franchement peur" "comme elle fait peur à beaucoup de Français".
Il y conteste la présence du mot islamophobie dans un groupe de travail intitulé "racisme, islamophobie, antisémitisme", voyant dans cette notion la "persécution (imaginaire) des extrémistes musulmans (et autres musulmans égarés)", avant de reconnaître dans un mail d'excuses s'être "par moments laissé emporter" dans ces échanges.
"Je pense qu'il y a un ton qui est extrêmement problématique dans ses propos, avec des idées qui sont développées parfois un peu rapidement, et donc un rappel à l'ordre et une incitation au dialogue ont été entreprises", par la direction, a expliqué Mme Saurugger. "La liberté académique est un principe qui est central pour Sciences Po Grenoble", poursuit la directrice, "et lorsque cette liberté académique commence à atteindre des limites qui sont définies par un cadre réglementaire, dans ce cas-là, la directrice doit intervenir, et est intervenue avec un rappel à l'ordre".