Les agriculteurs de Savoie et Haute-Savoie tirent la sonnette d'alarme, pointant les conséquences de la sécheresse sur le rendement laitier. La FDSEA demande l'ouverture de dossiers de calamités agricoles face à cette situation critique.
"Il y avait bien eu la sécheresse de 2003. Mais là, ça dépasse même celle de 1976". Le ton de René Féchoz, secrétaire de la Fédération départementale des syndicats d'exploitants agricoles (FDSEA) des Savoie, n'est pas à dramatiser la situation plus que de raison. Mais déjà à sonner l'alarme.
Le rendement des vaches savoyardes est en chute libre, de quoi inquiéter les filières de production des reblochons et autre tommes. D'autant que les agriculteurs savoyards ont commencé à taper dans leurs réserves de fourrage avec presque trois mois d'avance. Une situation suffisamment inquiétante pour que la FDSEA demande l'ouverture de dossiers de calamités agricoles.
"En 2003, on avait souffert du manque d'eau pendant un mois environ. Là, on est bien au-delà. Quand vous voyez la situation des alpages, c'est dramatique : au-dessus de 1 300 mètres d'altitude, dans les Bauges par exemple, on est à moins 45 % d'herbe à pâturer", explique son secrétaire.
Une herbe rare et d'une faible valeur nutritive
Une herbe rare, et d'une faible valeur nutritive pour les animaux. C'est ce qui explique en partie la baisse de rendement des laitières savoyardes. Mais pas seulement. En y ajoutant la fatigue due aux fortes chaleurs et les plus grandes quantités d'eau bue par les bovins, le soir, à la traite, seuls 11 litres sont recueillis pour chaque vache au lieu des 18 ou 20 litres d'un été normal. Et le lait est de qualité inférieure à l'ordinaire.
Pire que l'été 1976
"Dans le comité sécheresse que l'on a mis en place, les plus anciens comparent avec l'été 1976. Ce qui les alarme, c'est le taux d'évaporation : 55 % cet été, contre 45 % en 1976. Ce qui prouve bien que la sécheresse que nous vivons actuellement, c'est du jamais-vu", résume René Féchoz.
Un manque d'herbe de qualité qui pousse déjà les 1 600 exploitations laitières de Savoie et Haute-Savoie à taper dans leurs réserves de fourrage. "Avec trois mois d'avance, estime René Féchoz. Etant donné le prix du fourrage et les différents manques à gagner à venir, de nombreux producteurs ont commencé à céder des bêtes qu'ils avaient prévu de garder jusqu'à l'automne. Habituellement, c'est l'époque où ils les envoient à l'abattoir pour en faire des steaks hachés ou les vendent par morceaux dans les circuits courts."
Cet été, de nombreux nuages planent donc sur le secteur laitier. Et toujours pas une goutte de pluie annoncée pour espérer atténuer l'extrême sécheresse qui frappe le premier pilier de l'agriculture en pays de Savoie, avec plus de 80 000 vaches.