" Si c'est foutu pour Enzo, est-ce qu'il y a la possibilité de sauver des gens ? ", dons d'organes, le dilemne des familles

La journée mondiale du don d'organes et de la greffe a lieu chaque année le 17 octobre. Une initiative de l'OMS (organisation mondiale de la santé) pour rappeler la pénurie de dons. Selon l'OMS il y aurait en moyenne un organe disponible pour une demande trois fois supérieure. C'est un constat. Pour qu'il y ait don, il faut qu'il y ait mort. Dans son film " Passeurs de vie", Katia Chapoutier invite à écouter la parole de familles de donneurs. Emouvant et essentiel.

 Alexis avait 20 ans, il aimait faire la fête et voulait reprendre la ferme de ses parents. Il est mort dans un accident de tracteur. Comme il avait exprimé devant un reportage sur le don d'organes : " Si je meurs, vous donnez tout ", ses parents ont suivi sa volonté. Les organes d'Alexis ont sauvé six vies. Ça ne suffit évidemment pas pour consoler sa famille, mais comme dit son père : " Il serait malheureux de nous voir malheureux et on ne veut pas ça." Alors chaque année, Catherine et Ricou organisent un rassemblement de mobylettes, chez eux dans l'Ain. Un hommage à leur fils et un moyen de sensibiliser sur le don d'organes et de tissus. 

" Si c'est foutu pour Enzo, est-ce qu'il y a la possibilité de sauver des gens ? "

Danielle et Cyril, les parents d'Enzo

Enzo avait de l'asthme. Il est mort après 23 jours de coma. Pour ses parents, les mêmes doutes, les mêmes questionnements qui viennent s'ajouter à l'immense chagrin de la perte de leur fils. Et puis cette question : " Si c'est foutu pour Enzo, est-ce qu'il y a la possibilité de sauver des gens ? Et puis ça nous donne une raison pour le laisser partir. Nous, on a perdu notre joie de vivre mais des gens l'ont retrouvée. Enzo a sauvé trois personnes. C'est le seul côté positif que je vois à sa mort " 

Alexis, Enzo, Stéphane, Guillaume sont quelques-uns de ces donneurs d'organes. La réalisatrice, Katia Chapoutier a choisi de donner la parole à leurs familles. À ceux qui ont dû dire oui pour les prélèvements sur leurs enfants en mort cérébrale. Une décision évidemment difficile : " Moi j'avais envie d'en coller une au personnel soignant, dit un papa. J'étais contre le don d'organes et mon fils aussi. C'est ma femme qui m'a fait changer d'avis en disant, nous, on souffre mais il y a des gens qui attendent ".

Parce qu'on n’est pas accompagné de la même façon selon les hôpitaux, parce que là où il y a mort cérébrale, il y a urgence vitale de l'autre côté. Au moment où la question des prélèvements se pose, c'est dur pour les familles et le personnel soignant, d'où des stages organisés par l'agence de biomédecine.

En France, tout le monde est présumé donneur, sauf à avoir exprimé un refus de son vivant en s'inscrivant sur le registre national des refus.

Au Canada, où nous emmène le film, ça semble un peu plus simple depuis qu'une association, "Chaine de vie", éduque les lycéens au don d'organes. " Parce qu'en éduquant les enfants, on éduque aussi les parents", dit sa fondatrice. Pierre Marsolais, médecin réanimateur insiste sur " l'accompagnement des familles de donneurs et des greffés aussi, qui parfois se sentent coupables d'être encore en vie ".

L'association canadienne du don d'organes décerne même très solennellement une médaille aux donneurs et à leurs familles : " La vie est plus forte que la mort, dit le papa de Christine dont les organes ont sauvé 4 personnes. C'est quand même un geste d'amour le don d'organes "

En France, on a encore un peu de route à faire. Si, selon l'agence de biomédecine, 80% des Français se disent favorables au don d'organes, seuls 47% en ont parlé à leurs proches.

"Passeurs de vie" de Katia Chapoutier, une coproduction Francetv Aura / Program33, à découvrir sur France 3 Auvergne-Rhône-Alpes le jeudi 17 octobre à 22h45 dans la case documentaire La France en vrai et déjà sur France.tv