Sport et nutrition pendant le Coronavirus : le quotidien de trois coachs régionaux en plein confinement

Entretien croisé avec trois spécialistes en sport et nutrition, basés en Auvergne Rhône-Alpes. Des conseils accessibles à tous, délivrés par des artisans de la discipline.

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La plupart des habitués du sport poursuivent leur activité pendant le confinement. Et, tout le monde l’a constaté, de nombreux nouveaux adeptes se sont lancés depuis le confinement, notamment dans la course à pied, avec des motivations assez… variées. De leur côté, les coach personnels affrontent cette période avec quelques difficultés. Plus de contact direct avec leurs clients. Le « télétravail du corps » est en plein essor. Même si cela ne compense pas complètement le contact réel.
 
Kévin Rimet est coach personnel à Lyon. Il propose des cours de sport adaptés à chacun, sur la base d’un entretien préalable, ainsi que des conseils en nutrition.
Alexandre Lepoivre donne des cours individuels à domicile et en extérieur en zone rurale, près de Clermont-Ferrand, après avoir été gérant d’une salle de remise en forme. Il a une formation de préparateur physique et mental.
Guillaume Ihl donne des cours en salle à Gerzat (63), et forme également des stagiaires au CREPS de Vichy.
Formés tous les trois en nutrition et diététique, ils associent leurs cours de sport à des conseils en alimentation.
 
Faut-il absolument faire de l’exercice pendant le confinement ?
 
Nos trois interlocuteurs partagent la même préconisation : « Faire une activité physique régulière est primordial, aussi bien pour le corps que pour l’esprit, ne serait-ce qu’une demi-heure par jour », répond sans hésiter Guillaume, et ce, quel que soit son intérêt pour la pratique du sport. « Il faut aussi adapter le type d’effort, en fonction du niveau de la personne. Prendre l’air est très important, même pour marcher. Pour les gens un peu sédentaires, il est capital de faire du renforcement musculaire. Sur le plan physiologique, on peut redouter une fonte musculaire, et un développement de la couche adipeuse. On bouge beaucoup moins, on reste assis plus longtemps. Des douleurs peuvent revenir, notamment au niveau des lombaires, du fait de la perte de mobilité. » Pas utile de devenir un athlète en quelques jours, donc…« L’important c’est d’essayer de maintenir une activité », renchérit Kévin. « Et si possible, pas faire n’importe comment son sport. Il y a un risque de se faire mal, notamment au dos. Il faut aussi adapter son activité physique à ses capacités, en particulier si, avant le confinement, on n’avait pas l’habitude de faire de l’exercice. Il faut y aller doucement. C’est encore plus vrai si l’on est malade, pour gérer prudemment sa respiration. Mais bouger, c’est nécessaire. Et si c’est possible d’être accompagné, c’est encore mieux. Pour les débutants, je préconise 2 ou 3 séances par semaine maximum. »

Selon Alexandre, « confinement ou pas, le sport est utile tout le temps ! » Il précise « le sport a de multiples vertus, et la période le démontre encore d’avantage. Dans le contexte actuel, on voit bien l’intérêt pour les personnes qui affrontent des soucis de santé, avec un système immunitaire moins robuste. Faire de l’exercice permet de se vider la tête et de garder le moral. Sans vouloir faire des performances, il faut garder une activité physique régulière permanente. » Et quel que soit l’âge ou la période de vie. « Justement, mon épouse est enceinte en ce moment, et encore pour quelques semaines, et on continue toujours à faire des séances, adaptées bien sûr, puisqu’il faut tenir compte de la différence en terme d’équilibre du corps, notamment. C’est tout à fait faisable. Autre exemple : j’ai une mamie âgée de 82 ans, qui prend toujours ses cours. Plus on prend de l’âge, plus la fonte des muscles est une réalité. C’est la meilleure façon de lutter contre les cycles négatifs. Elle fait des petits exercices très limités, travaille sa souplesse. C’est très important. » 


Doit-on faire un régime pendant cette période sédentaire ?
 
Aucun de nos conseillers ne parle de régime. Pas utile, donc, d’ajouter aux contraintes de ce long confinement des privations ou des astreintes supplémentaires. « Les diététiciens nutritionnistes ne sont pas favorables aux régimes, sauf en cas de pathologie particulière. On préfère parler d’habitudes alimentaires et de rééquilibrages. Il faut apprendre à manger les bons macronutriments soit des protéines, graisses, féculents, à la bonne dose en fonction des besoins », répond Alexandre. « Il faut manger varié et équilibré. On peut se faire plaisir, mais il faut garder une alimentation aussi variée que possible, et une structure de repas à des horaires fixes, pour éviter les grignotages, les sucreries industrielles ». Pour Guillaume, manger équilibré ne suffit pas. «  Il ne faut pas oublier l’hydratation. Peu de gens y pensent. Le corps humain est essentiellement composé d’eau. Il faut donc maintenir une hydratation régulière, jusqu’à 1,5 litres d’eau par jour, voire davantage. Ensuite, puisqu’on brule beaucoup moins de calories en confinement, il va falloir faire travailler nos paysans locaux. Prendre des bons légumes et fruits chez les petits producteurs, pour récupérer des vitamines, des minéraux, des fibres. Il faut varier les plats, et limiter tout ce qui est plat rapide, préparé. »

Seul point de divergence, le recours aux compléments alimentaires. « Moi, je ne les recommande pas particulièrement. Il y a un vrai risque de surpoids à long terme avec certains produits, riches en glucose. Si la plupart sont inoffensifs, voie intéressants dans certains cas précis, ils restent inutiles lorsque l'on a une alimentation variée et équilibrée », explique Kévin. « Moi je trouve cela indispensable, à tous niveaux », réplique, à l’inverse, Alexandre. « Cela n’a rien à voir avec le dopage. Cela peut permettre de combler certaines carences, ou aider à régler des problèmes de digestion, d’hydratation, pour se donner un coup de fouet ou limiter une envie de sucré. »
 
Et vous, comment avez-vous adapté votre activité professionnelle ?
 
« Je ne donnais que des cours en présentiel et j’ai donc dû proposer à tous mes clients de passer en visio. C’est un mode de travail qui est acceptable dans des cas aussi exceptionnels que ce confinement, ou bien lors des vacances. Mais il ne faut pas que cela dure…», commente Kévin Rimet. « On y perd en terme d’approche. On n’a pas le même impact sur l’intensité de la séance, le contrôle du mouvement. Par exemple, je ne peux pas intervenir directement pour accompagner les étirements, si ce n’est par les conseils. J’ai donc réduit le prix horaire de mon intervention. » Et donc subir, comme beaucoup de travailleurs indépendants, le choc économique de l’épidémie. « J’ai une baisse d’activité de 80% depuis le début du confinement. J’ai évidemment gardé le contact avec tous mes clients. Au départ, la plupart voulaient attendre la fin du confinement. Au bout d’un mois, plusieurs d’entre eux sont revenus vers moi pour suivre, finalement, des cours en visio à domicile. Le fait d’avoir un rendez-vous, dans une salle ou à domicile avec un coach aide fortement la motivation du client. On bloque l’agenda, on se déplace… Tout cela est moins automatique en visio. » Sans oublier que le confiné a beaucoup de choix en la matière. « C’est vrai que bon nombre d’offres gratuites, apparues en nombre sur internet, n’ont pas aidé à maintenir mon activité. C’est le même type de concurrence que subit chaque artisan face aux grandes chaînes de distribution. »

Quant à Alexandre, il base essentiellement ses cours sur la relation sociale avec ses interlocuteurs. « Les motivations sont très différentes, cela va de la recherche de perte de poids à l’amélioration de la santé au quotidien pour lutter contre l’excès de sédentarité, en passant par une amélioration du bien-être social, pour des personnes plus âgées, par exemple », explique-t-il. « Au début du confinement, une partie de mes contacts ont abandonné au bout de quelques jours. Ils ont réalisé que cela serait compliqué de suivre des cours pendant cette période, pour des raisons d’organisation, ou tout simplement financières. Au fil du temps, j’ai pu renouer des relations plus régulières avec eux en proposant des cours en ligne, par exemple ». Alexandre a donc perdu une forte part d’activité dès le début des restrictions sanitaires. Mais aujourd’hui, il parvient à donner des cours à plusieurs dizaines de personnes en même temps, grâce au progrès technique. « C’est moins précis, c’est sûr. Impossible de gérer aussi efficacement des participants par écran interposé. L’objectif, c’est surtout d’aider les gens à bouger. »
Guillaume Ihl, lui, s’en sort mieux, grâce à sa diversification : « J’ai la particularité de mener plusieurs activités, sous différents statuts. Je suis salarié pour une salle sportive associative à Gerzat. On y propose des cours collectifs et des conseils de renforcement musculaire. Pour les abonnés à cette salle, nous utilisons le live de Facebook pour poursuivre nos cours. On a dû établir un planning hebdomadaire, qu’on publie chaque dimanche en tenant compte des demandes. On est passé de 20 à 9 cours par semaine, sur un tempo musical. On y alterne le cardio, le renforcement musculaire, du step, etc… Nos abonnés ont déjà payé pour un an. Pour le moment, on leur propose ce programme. Et puis on verra après le confinement. Je précise qu’on a ouvert l’accès à ces cours à tout le monde. En cette période si particulière, on a voulu offrir cette possibilité. » Mais le jeune coach a une autre casquette « Je suis aussi formateur au CREPS de Vichy, en spécialité « cours collectif ». Les stagiaires en alternance doivent poursuivre leur formation, qui doit aboutir à un diplôme "activité gymnique de la forme et de la force" en juin, en principe. On utilise notamment pour cela une plateforme de visioconférence en ligne. Cela permet de donner un cours à plusieurs personnes, que je peux voir en même temps. Et parfois, mes stagiaires sont amenés à élaborer des programmes personnalisés destinés à un éventuel sportif, ce qui leur permet de travailler leur propre formation. Ces travaux sont intégrés dans leur quota d’heures. Avec la direction régionale des sports, basée à Lyon, on fait régulièrement des réunions en ligne pour s’adapter au confinement. » Au final, Guillaume ne souffre pas trop de la situation, pour le moment:  « J’ai la chance de maintenir à peu près mes revenus. J’ai simplement dû accepter de décompter une semaine de congés au titre de salarié. Je trouve normal de faire aussi un effort. »


 
Prendre un coach personnel, ça coûte combien ?
En moyenne, un coach personnel coûte aux alentours de 45 euros de l'heure, pour un cours à domicile. Une somme déductible des impôts si ce coach est un travailleur indépendant.
Il existe aussi de nombreux cours collectifs en ligne, et nombre d'entre eux sont gratuits. Seule différence : ce sont des cours disponibles pré-enregistrés, ou même en direct, sans véritable échange. Vous n'aurez pas de contact avec votre entraineur, sinon par messages écrits, auxquels votre coach ne pourra pas forcément répondre sur l'instant. Le risque est de mal effectuer les exercices, sans le savoir.
Une pratique physique doit, si possible, être accompagnée d'un équilibre alimentaire. Certains coachs sont formés pour vous conseiller en terme diététique, et sauront vous guider pour ne pas se décourager dans l'attente de résultats visibles.
Une attestation médicale est fortement recommandée avant de se lancer dans une pratique sportive régulière.

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