Dimanche 28 février, les Suisses ont dit oui à 57%, à la construction d'un deuxième tunnel routier sous le massif alpin du Saint-Gothard, principal axe nord-sud. Le gouvernement souhaite construire ce tunnel afin de pouvoir rénover le premier, qui date de 1980, sans interrompre le trafic routier.
L'énorme massif alpin du Saint-Gothard, qui sépare le nord et le sud de la Suisse, sera bientôt percé par un 4e tunnel, le deuxième routier. En tout cas, les Suisses ont voté en faveur du projet lors des traditionnelles "votations" au niveau fédéral.
Le premier tunnel a été ouvert au 19ème siècle, en 1882, pour une ligne ferrovaire à double sens longue de 15km entre Goeschenen, au nord, et Airolo, au sud, dans le canton italophone du Tessin. Pendant près de 100 ans, il n'y avait que deux solutions pour traverser le Gothard: emprunter la route sinueuse du col, longue de 26km et ouverte seulement l'été, ou prendre le train, sur lequel les voitures pouvaient être chargées.
Avec l'explosion du trafic notamment liée au tourisme, dans les années 60 et 70, la Suisse a décidé de creuser un nouveau tunnel, cette fois-ci routier. Après 10 ans de travaux, le "tunnel du Gothard", long de 17km et prévoyant deux voies de circulation, est inauguré en 1980.
En 1996, la Suisse se lance à nouveau dans le méga-chantier de la NFLA, sigle désignant "la Nouvelle ligne ferroviaire des Alpes". Cette NFLA, qui va être inaugurée le 1er juin 2016, est le plus long tunnel ferroviaire du monde, avec 57km de voies. Elle relie la commune d'Erstfeld au nord à celle de Bodio (canton du Tessin) au sud. Il s'agit de 2 tubes ferroviaires à une voie, dans lesquels les trains pourront circuler à 200km/heure. Ce tunnel, enfoui sous 2.000 mètres de roche, dépasse les deux tunnels sous-marins de Seikan au Japon (54km) et de la Manche (50km).
Alors que la NFLA n'est pas encore ouverte officiellement, les Suisses ont donc décidé d'opter pour le percement d'un 4ème tunnel, réservé aux véhicules, un projet du gouvernement contesté par une partie de la population. Ce nouveau passage permettrait de procéder à la réfection de l'unique tunnel routier existant, une nécessité reconnue par tous, partisans et opposants du projet.
Reportage Serge Worreth et Ariane Combes
Le gouvernement se dit soucieux de ne pas interrompre le trafic routier à travers le Gothard pendant la durée des travaux. Et souligne qu'ensuite, chaque tunnel sera utilisé dans un seul sens, la deuxième voie servant aux arrêts d'urgence.
Mais des militants écologistes, réunis au sein de l'association "non au 2ème tube du Gothard", mettent en garde contre l'augmentation massive du trafic et des nuisances pour les habitants des régions concernées. Ils suggérent de reporter le trafic sur le train jusqu'à la réfection complète du tunnel existant.