La Ville de Vichy a entamé les démarches pour faire partie des villes inscrites au patrimoine mondial de l'UNESCO. Pourquoi peut-elle prétendre entrer entrer dans ce club très fermé ? Partez à la découverte de la cité thermale et ses trésors d'architecture avec ce grand format de la rédaction.
Élégante, rafraîchissante, atemporelle. Ces adjectifs sont les premiers qui viennent à l’esprit pour qualifier la ville de Vichy, forte d’un riche patrimoine architectural et culturel, hérité de sa stature de ville thermale.
Dans les rues, les décorations incurvées Art nouveau des établissements de loisirs - l’opéra en est le plus bel exemple - cohabitent harmonieusement avec les bâtisses classiques style Napoléon III.
Une ville de cure et de loisirs
La belle époque – que l’on associe généralement à la période 1880-1914 - fut une période faste pour la ville : on retrouvait en cure tous les grands de l’époque, à savoir « une grande partie de la famille impériale de Russie, des présidents, des ministres, des gouvernements français et européens, énumère Jean-Luc Sicot. Mais également une population venant du Maghreb et qui était très assidue aux cures thermales de Vichy ».Cet établissement thermal, construit au tout début du XXème siècle, a longtemps été la vitrine de Vichy. Le luxe et la grandeur se trouve dans les moindres recoins. L’objectif était clair à l’époque : il fallait émerveiller les curistes, mais aussi les autres villes thermales d'Europe.
« À partir du moment où Vichy s’est présentée comme la reine des villes d’eau, il a fallu faire plus beau, plus grand et plus innovant, raconte Yves-Jean Bignon, adjoint au maire de Vichy chargé du thermalisme. De ce fait, chacun venait regarder et ramenait [chez soi]. Il y a des comparaisons qui ont été faites entre Karlovy Vary en République Tchèque. Les deux villes sont entrées en compétition pour faire encore mieux et encore plus ».
L’établissement thermal représente le point de départ pour la ville : celle-ci s’est développé tout autour du bâtiment en 1900, avec la construction du casino (aujourd’hui centre des congrès), de squares et villas. De même que l’opéra, construit en 1901, plus grand que celui de Lyon ou de Bordeaux, date lui aussi de cette époque.
Il a accueilli les plus célèbres compositeurs du début du XXe siècle. « Les curistes qui venaient des quatre coins du monde (…) et les familles les rejoignaient faire la fête, explique Diane Polya-Zeitline, directeur artistique de l’Opéra de Vichy. Or, pour faire la fête il faut des endroits fabuleux, magnifiques. Comme cette salle de l’opéra, qui est le seul théâtre de style Art nouveau en France ».
Rayonner à nouveau grâce à l'UNESCO
Aux alentours, les palaces, les hôtels où logeaient les curistes témoignent de cet âge d’or révolu. La plupart ont dû fermer avec la Seconde guerre mondiale, d'autres ont juste revu leur surface d'accueil à la baisse. Une ancienne salle à manger du Majestic s'est par exemple reconvertie en vaste parterre de danse.Les démarches ont été entamées pour inscrire la ville de l’Allier au patrimoine mondial de l’UNESCO. Faire partie de cette liste, c’est la promesse que ce patrimoine particulier sera sauvegardé. Cette inscription, « ce serait une récompense » confie Catherine Gauthier. Cette propriétaire d'une chambre d'hôtes dans une bâtisse datant de 1890 fait partager à ses invités son amour de la ville et milite pour la reconnaissance. Car après sa période faste, la ville pourrait à nouveau rayonner.
Derrière l'opération, il y a un intérêt économique certain pour la Ville. « Les villes inscrites au patrimoine mondial de l’UNESCO voient leur [fréquentation] touristique augmenter, concède Bernard Kadjan, adjoint au tourisme au maire de Vichy. et nous avons pensé que cela devrait s’évaluer à 10 ou 15% de tourisme en plus ».
Vichy fait pour l'instant l'inventaire de ses richesses. Le dossier final de candidature doit être déposé en janvier 2018 et l’UNESCO donnera son verdict courant 2019.