La grande traversée du Massif Central, un tracé mythique abandonné il y a 10 ans, avant d’être relancé et rallongé ! Aujourd’hui, la GTMC, c’est 1 380 km, des Monts du Morvan jusqu’à la Méditerranée. En route sur les étapes du Puy-de-Dôme et du Cantal. Sensations et paysages à couper le souffle !
C’est une renaissance ! La GTMC fait son retour après avoir quasiment disparue. Elle traverse désormais trois régions, douze départements, cinq parcs naturels et deux sites classés à l’Unesco, rien que ça ! J’ai tenté l’aventure sur la partie auvergnate du parcours. A mes côtés, quatre Bretons et deux Clermontois venus tester le relief des Puys, du Sancy et du Cézallier.
Première étape : Charbonnières-les-Varennes / Lac de Servières
(53,5 km, + 1468 m, - 984 m)
A mes côtés, quatre Bretons et trois Clermontois. Tout le monde est prévenu, cette première journée est la plus difficile du périple. Presque 1,5 km de dénivelé positif ! Heureusement, la météo est clémente, les chemins plutôt praticables. Dès le départ, on aperçoit notre objectif : la chaîne des Puys.
Au fil du tracé, la pente s’accentue, le sentier épousant les volcans est couvert de racines. Un passage un peu technique qui débouche sur une clairière dégagée. J’aperçois le Puy-de-Dôme sur un joli ciel bleu. Première récompense. La suivante est cette belle descente jusqu’à Laschamps.
Etape casse-croûte à Archipel Volcan, hôtel-restaurant recommandé « GTMC ». Autrement dit ici, tout est fait pour bien accueillir le cycliste. Garage à vélo, kit de réparation, prise de courant pour les VTT à assistance électrique. Et surtout grosse portion dans l’assiette pour nourrir des clients affamés ! « On a une augmentation de 70 % des réservations depuis la renaissance de la GTMC l’an dernier, constate Sylvie Ligoud, gérante de l’établissement. C’est énorme ! Et vu les bons retours, cela ne devrait pas s’arrêter là. »
Même son de cloche chez Philippe Ghirardi avec qui je fais un bout de chemin après manger, dans l’ascension du Puy Pelat. Lui a travaillé sur le nouveau tracé. Motivé de voir renaître cette mythique traversée, née au milieu des années 90. « Elle était confidentielle, réservée à quelques aficionados. Il fallait que ça revienne, aujourd’hui je suis heureux de faire partager notre région à travers elle. »
Découvrir et souffrir. Après des sentiers roulants jusqu’à Récolène puis Orcival, la GTMC nous réserve l’une de ses plus dures épreuves. La montée jusqu’au lac de Servières… 350 mètres de grimpette sur seulement 6 kilomètres. Ca casse les pattes… A notre arrivée là-haut, le soleil se couche, les visages sont tirés, les jambes fatiguées. L’eau fraîche de cet ancien cratère a au moins le mérite de générer les muscles. Avant de les reposer au gîte du lac pour une nuit de sommeil bien méritée.
Deuxième étape : Lac de Servières / Brion
(50 km, +1424 m, -1 444 m)
La nuit a été bonne, les hommes sont prêts à repartir pour l’une des plus belles étapes de la GTMC. Un dernier coup d’œil au lac de Servières en passant, sans traîner. L’orage menace. A Pessade, il éclate. Nous nous réfugions dans une grange en attendant qu’il passe. On plonge ensuite vers Murol. Le panorama sur le massif du Sancy est splendide, les ambiances changeantes.
Après le lac Chambon, les chosent se compliquent. Un premier coup de cul qui fait mal jusqu’à Saint-Victor-la-Rivière. Halte à l’Auberge du Bougnat, elle aussi labellisée GTMC. Je nous conseille le divin burger maison à la viande de pays. Idéal pour reprendre des forces avant la traversée de la cité médiévale de Besse et la montée vers les lacs Pavin et Montcyneire. A cet endroit, on a l’impression de basculer dans un nouveau monde. Vous sortez d’un bois, et tout est différent. La végétation, les courbes qui s’adoucissent, les bêtes qui pâturent.
Vous en prenez plein les yeux mais attention à bien suivre le balisage. En restant vigilant, difficile de se perdre. Le tracé de la GTMC a été entièrement refait. Il démarre à présent d’Avallon dans les Monts du Morvan et termine sa course au Cap d’Agde ! « Pour relancer l’itinéraire, il fallait l’adresser à une clientèle beaucoup plus large, pas seulement aux gros mollets, explique Dominique Bambier, chargé du développement de l’itinérance à Auvergne Rhône Alpes Tourisme. Or la partie nord du Massif Central est beaucoup plus accessible. »
Revenons à nos montagnes. Nous entrons dans le Cézallier. Un décor lunaire incroyable, complètement différent de ce que nous avions vu jusqu’à maintenant. Terminus Brion, au-dessus de Compains. Nous arrivons à la nuit tombée chez Hélène, à l’Ecir et l’Angélique. Une auberge hors du temps, propice au repos et à la contemplation.
Troisième étape : Brion / Allanche
(32 km, + 600 m, -850 m)
Troisième et dernière journée. Un peu plus courte que les autres, le relief a laissé des traces, l’équipe est fatiguée. Nous ne descendrons pas jusqu’à Neussargues mais Allanche un peu plus haut.
Dès la sortie du gîte Lapier où nous avons dormi, un vent de sud souffle à décorner les bœufs. Des rafales à 50 km/h qui coupe le peu d’élan que l’on arrive à prendre. Nous avons au moins le temps de voir ces paysages grandioses. Entre les hautes-terres d’Ecosse et les steppes mongoliennes. Mais c’est bien le plateau Cézallier que nous sommes en train de traverser. « Le vent rajoute une difficulté mais ça à prendre ! affirme Sébastien, l’un des Bretons de la troupe. C’est époustouflant, c’est la vraie nature ! ».
Pas un chat à la ronde, nous ne croisons personne, seulement des vaches en pâturages et quelques chevaux tout en haut du mont Chamaroux qui culmine à 1450 m d’altitude. Cerise sur le plateau, cette longue descente avec les Monts du Cantal en face de nous.
A l’arrivée à Allanche au bout de trois jours, nous n’aurons parcouru que 10% de la GTMC. Stéphane Serre, moniteur de VTT, l’a parcourue entièrement en seulement une dizaine de jours. Certes au guidon d’un vélo électrique mais tout de même ! Ce cantalien était mandaté par la fédération française de cyclisme pour valider l’itinéraire. Validé et approuvé. « Historiquement, la GTMC est l’itinéraire du centre de la France. Il a été rallongé depuis le Morvan. C’est un très beau parcours avec une belle diversité technique et une variété de paysages. Vous traversez toutes les montagnes coincées entre les deux grosses chaînes françaises et vous arrivez les pieds dans l’eau à Agde. »
La Méditerranée, nous ne la verrons pas cette fois. La Grande Traversée du Massif Central a eu raison de nous. Il faudra encore plusieurs sorties avant d’espérer voir la mer…
La descente de Benoît...
En guise de bonus, voici les sensations fortes de Benoît, l’un des Bretons de la bande. Sa spécialité, c’est la descente. Bien équipé, il s’est éclaté dans les pentes de la GTMC. Il nous raconte ses impressions au terme du périple…