La société Oxxa, spécialisée dans la collecte et le recyclage de plastiques usagés, est en redressement judicaire depuis juillet 2014. Son sort devrait être fixé en janvier prochain par le tribunal de commerce de Lyon.
Installée à Yssingeaux depuis 1989, Oxxa collecte et recycle des films agricoles (films d’ensilage et d’enrubannage) et des plastiques industriels pour produire des paillettes et des granulés qui seront de nouveau utilisés dans la plasturgie. Une activité qui devrait avoir le vent en poupe au moment où l’on se préoccupe beaucoup d’environnement… Et pourtant, aujourd’hui l’avenir de la société est très incertain.
Y aura-t-il un repreneur ?
Actuellement, Oxxa produit 400 tonnes de plastique recyclé chaque mois alors qu’elle pourrait en produire 1500 tonnes, selon son jeune président. "C’est un problème de cash ! Il y a un marché mais nous ne sommes pas capables de répondre à la demande de nos clients parce que nous n’avons pas les fonds pour acheter suffisamment de matière première ou la récupérer", explique Aurélien Thomas, un ancien militaire reconverti dans le sauvetage d’entreprises en difficulté après avoir opéré sur des champs de bataille en Afghanistan ou dans les Balkans !Aujourd’hui, la PME a 4,5 millions d’euros de dette, une situation que le président, comme le délégué CGT, imputent à une mauvaise gestion antérieure. "Bien-sûr que nous sommes inquiets. Nous ne savons pas si un repreneur se présentera devant le tribunal pour nous sauver. Nous en sommes là parce que nos anciens dirigeants se sont trop servis !", lance sans détour Maurice Saniel de la CGT. Aujourd’hui l’entreprise est en période d’observation, 25 emplois sont directement menacés alors que 14 ont déjà été supprimés l’an dernier.
Un bassin d’emploi très touché
La situation préoccupante d'Oxxa n’est qu’une nouvelle péripétie dans un bassin d’emploi durement touché. Selon des chiffres publiés par l’INSEE (d’après la comparaison de recensements de populations), l’arrondissement d’Yssingeaux est passé de 8983 emplois dans l’industrie en 2007 à 8043 en 2012. Plus de 10% d’emplois industriels détruits en cinq ans, un solde négatif de 940. L’Institut de la Statistique devrait bientôt publier une autre étude économique, plus précise, qui confirmera et même amplifiera cette situation très inquiétante pour la partie Est de la Haute-Loire, très industrialisée car proche de la région stéphanoise.Relativiser
Interrogé, le maire d’Yssingeaux, divers droite, Bernard Gallot, tient toutefois à relativiser. "Si l’on prend l’exemple de Lejaby, devenu Les Ateliers du Meygal, on est passé de moins de 100 emplois à pratiquement 150. Le solde est également positif après le départ de la société Aoste dont le bâtiment accueille aujourd’hui une autre entreprise alimentaire, la société Brocéliande. Le bilan local n’est pas si négatif. Il n’empêche que l’emploi industriel sur l’ensemble de l’arrondissement est en difficulté".Pour confirmer cet optimisme, le maire nous fait part d’un projet en cours porté par la communauté de communes des Sucs (à laquelle appartient Yssingeaux) : la création d’une zone industrielle d’une quarantaine d’hectares, à proximité de la route nationale 88 qui relie Le Puy-en-Velay à Saint-Etienne et Lyon.
"Toutes les zones proches de cet axe important sont quasiment remplies", observe Bernard Gallot. C’est signe que tout ne va pas si mal ! D’ailleurs le journal local, La Tribune Le Progrès, titre aujourd’hui sur "Trente embauches dans l’Yssingelais chez Coveris, spécialiste de l’emballage"… On est loin de sombrer dans la sinistrose dans ce secteur le plus "rhônalpin" de l’Auvergne !
Reportage : Gérard Rivollier, Elodie Monnier.
Intervenants : Maurice Saniel (Délégué CGT), Aurélien Thomas (Président Oxxa), Bernard Gallot (Maire DVD)