Les premiers palangriers de la commande mozambique sont désormais à l'eau. En 6 mois, les constructions mécaniques de Normandie ont relevé le défi du contrat à 200 millions d'euros: construire les navires en un temps record. L'entreprise compte bien en tirer des bénéfices.
Début septembre 2013, 80 salariés des Constructions Mécaniques de Normandie étaient priés de rester chez eux une semaine par mois. La direction de l'entreprise basée à Cherbourg et spécialisée dans les bâtiments militaires, étendait les mesures de chômage partiel qu'elle avait mises en places quelques mois plus tôt. Depuis 2011, le plan de charge des CMN était quasiment nul.
Quelques semaines plus tard, l'entreprise enregistre une commande providentielle. Le ministre du redressement productif Arnaud Montebourg faisait le déplacement dans le Cotentin pour officialiser la nouvelle. Puis, c'était au tour du président de la république, François Hollande, accompagné de son homologue du Mozambique de venir à Cherbourg. 24 chalutiers et 6 patrouilleurs qui ont été commandés par cet état africain pour 200 millions d'euros soit environs deux années d'activité pour le chantier du Cotentin. Et l'opportunité de vendre son savoir-faire auprès de potentiels clients.
C'est avec des images filmées en pleine mer par un hélicoptère que l'entreprise cherbourgeoise célèbre la réussite de son pari. Les premiers palanagriers commandés par le Mozambique sont à l'eau. Les CMN ont été plus rapides que les autres chantiers d'Europe de l'Est qui construisent également une partie des bateaux mozambiquais. Il n'a fallu que cinq mois pour construire cinq bateaux. Les plangriers seront expédiés par cargo à leur destinataire au mois de juillet. D'ici là, la fabrication des patrouilleurs aura été lancée.
La direction compte bien faire de cette rapidité d'exécution une carte de visite. "Les choses avancent bien sur deux ou trois gros dossiers", reconnait Pierre Balmer, le PDG de l'entreprise, "notamment avec le Liban avec qui ça avance bien. Il y a d'autres prospections, avec des formats de contrat identiques à celui du Mozambique, du civil et du bateau de servitude, dans d'autres pays d'Afrique". Les CMN n'en auraient pas pour autant oublié leur coeur de métier, le militaire, puisque des négociations seraient en cours avec le Liban dans ce sens.
Reportage de Stéphanie Potay et Claude Leloche
Intervenants:
- Erick Fougeray, Ingénieur chargé du programme Mozambique
- Pierre Balmer, Pdg Constructions Mécaniques de Normandie