Déjà frappés par la crise laitière, des milliers d'éleveurs en Normandie attendent depuis des mois le versement des aides liées aux mesures agro-environnementales. Mais celles-ci n'arrivent pas à cause d'un problème informatique.
Ce sont près de 100 millions d'euros qui dorment dans les caisses de la Région depuis des mois, de l'argent destiné à aider les agriculteurs s'étant engagés dans une transition vers des pratiques plus respectueuses de l'environnement. Deux mille exploitations sont concernées en Normandie, des exploitations déjà affaiblies par la crise laitière.
Christophe Lescalier, éleveur installé dans la région des marais du Coetntin, a ainsi décidé de ne plus booster ses champs avec de l'azote. Le fourrage de ses bêtes a diminué; Ses efforts lui ont coûté 30 000 euros en 18 mois. Une somme que l'Etat aurait dû lui rembourser au titre des mesures d'aides agro-environnementales.
Mais l'argent n'est toujours pas arrivé...en raison d'un problème de logiciel informatique. "On attend depuis plus d'un an que l'Etat, qui instruit les dossiers, soit en capacité de payer l'argent qui est là", déclare Hervé Morin, président de la Région Normandie, dénonçant "l'absurdité d'un système administratif qui ne marche pas".
Pour la chambre d'agriculture de la Manche, le politique a peut-être voulu mettre la charrue avant les boeufs. "On a lancé la nouvelle PAC alors que les matériels informatiques n'étaient pas prêts, ça a été lancé politiquement mais mécaniquement, par l'administration, ce n'était pas prêt", estime Jean-Michel Hamel, secrétaire général de la FDSEA 50; Ce cafouillage administratif n'est pas sans conséquences: dans la Manche, 200 producteurs de lait ont cessé leur activité en 6 mois.
Reportage de Sylvain rouil, Magalie Nicolin, Claude leloche et Bruno Belamri
Intervenants:
- Christophe Lescalier, éleveur
- Hervé Morin, président du conseil régional de Normandie
- Jean-Michel Hamel, secrétaire général de la FDSEA 50
