Le quatrième tome de "Millenium", le thriller créé par le journaliste et écrivain suédois Stieg Larsson, est sorti ce mercredi dans 25 pays. Une sortie minutieusement orchestrée dans le plus grand secret, un secret auquel a dû se soumettre son imprimeur français, une entreprise ornaise.
C'est l'un des plus gros tirages de la rentrée littéraire: 2,7 millions d'exemplaires dans le monde dont 500 000 pour le marché français (autant qu'aux Etats-Unis). Rien que pour la journée de ce vendredi (deux jours après la sortie du livre), l'imprimerie Normandie Rotto Impression, basée à Lonrai dans l'Orne, en a imprimé 30 000 exemplaires de plus que prévu. Un tirage à la hauteur de l'événement: les trois premiers tomes de la saga "Millenium" créée par Stieg Larsson se sont écoulés à plus de 80 millions d'exemplaires. Le quatrième tome, "Ce qui ne me tue pas", est un blockbuster littéraire en puissance.
La conception des nouvelles aventures de Lisbeth Salander et de Mikael Blomkvist, 11 ans après la mort de leur créateur, s'est déroulée dans le plus grand secret. L'auteur choisi pour reprendre le flambeau, David Lagercrantz (on lui doit l'autobiographie du footballeur Zlatan Ibrahimovic) a dû utiliser un ordinateur non connecté internet lors de la rédaction de l'ouvrage. "On a vu la manière dont Sony Pictures a été piraté en 2013 et on ne voulait pas l'être", a expliqué à l'AFP une porte-parole de l'éditeur suédois Norstedts, Linda Altrov Berg. En vue des traductions, le roman a été livré par coursiers aux maisons d'édition qui détenaient les droits des trois premiers volumes.
Ce secret, son imprimeur français, la société ornaise Normandie Rotto Impression a dû s'y soumettre. "Ça a commencé dès les devis, au mois de janvier", raconte Patrick Manteigueiro, directeur général de l'entreprise bas-normande, "On ne savait pas le titre, on connaissait à peu près la quantité, à peu près la pagination mais on ne savait pas pour quoi on travaillait". Le 15 juillet dernier, un représentant de l'éditeur arrive chez l'imprimeur muni d'une clé USB contenant le précieux roman. A partir de ce moment, plus aucune connection internet n'était possible dans l'imprimerie et toute personne, salarié ou visiteur, pénétrant dans les locaux était priée de laisser son portable au vestiaire.
Reportage de Catherine Berra et Nicolas Corbard
Intervenants:
- Patrick Manteigueiro, directeur général de Normandie Roto Impression