Le dernier long-métrage du réalisateur irlandais John Carney était présenté ce mardi en compétition au festival du cinéma américain. La projection s'est achevée dans un tonnerre d'appalaudissements.
C'est une salle debout qui a longuement applaudi le générique de fin. "Sing street", le dernier film du réalisateur irlandais John Carney, a assurément touché en plein coeur les spectateurs du festival du cinéma américain. Cette comédie, à la fois romantique, sociale et musicale semble être une sérieuses prétendante au prix du public cette année.
Connor est un adolescent dans l'Irlande des années 80, un pays en proie à la crise. Ses parents, au bord du divorce, ont de gros problèmes d'argent. Pour faire des économies, ils décident de le changer d'école. Le jeune garçon, plutôt bon élève, débarque dans un établissement géré par des prêtres et dont bon nombre d'élèves sont turbulents. Il peine à y trouver sa place mais tout n'est pas noir pour autant. En face de sa nouvelle école, il fait la connaissance d'une jeune fille, légèrement plus âgée que lui. Pour la séduire, il décide de se lancer dans la musique et de monter un groupe.
"Sing street" est assurément un projet très personnel pour John Carney. Né en 1972 à Dublin, le cinéaste irlandais, qui signe le scénario du film, a puisé dans ses souyvenirs d'enfance pour dépeindre l'Irlande des années 80, un pays alors frappée par la crise économique et que beaucoup de jeunes quittaient pour trouver du travail chez les voisins anglais. Ce contexte social est finement décrit, par petites touches et sans verser dans le misérabilisme. "Le film est optimiste mais pas d'une façon naïve", explique l'actrice principale Lucy Boynton venue présenter le long-métrage à Deauville, "Les personnages ont des défauts mais ils essayent d'aller au-delà pour s'en sortir. Il y a chez eux comme une joie de se battre".
Ce combat, pour séduire la belle et pourquoi pas changer de vie, passe par la musique, un art que John Carney connait bien pusiqu'il a commencé comme bassiste au sein du groupe rock irlandais The Frames avant de passer derrière la caméra. La musique occupe d'ailleurs une place importante dans sa filmographie avec Once, prix du public au festival de Sundance en 2007, et New-York Melody.
Dans "Sing street", le réalisateur a composé avec Gary Clark toutes les chansons jalonnant le film, des chansons écrites par Connor dans lesquels il exprime ses sentiments et qui reflètent le cheminement artistique de l'adolescent au gré de ses découvertes musicales: Duran Duran, Joe Jackson ou The Cure. autant de petites madeleines de Proust musicales pour tous ceux qui ont connu cette époque (même si cette décennie est loin d'être la plus glorieuse en terme de production musicale pour l'auteur de ses lignes).
Outre sa bande son, le film puise aussi sa force dans l'humour, un humour porté par les situations, les personnages et des dialogues finement ciselés, qui visent juste sans en faire des tonnes. On regrettera justement que dans le dernier quart du film cet humour s'efface derrière la romance. Malgré ce petit bémol, pas de réelle fausse note à déplorer dans ce film qui aura su à la fois faire souffler un vent de fraîcheur dans la compétititon tout en réchauffant les coeurs.
Le reportage de l'équipe de Là où ça bouge