Ce vendredi 8 mars, c'est la Journée Internationale de la Femme. Nous avons décidé de donner la parole à cinq personnalités féminines de la région. Aujourd'hui, la présidente du Comité Interprofessionnel des Vins du Jura nous apporte son regard de dirigeante.
Elle le reconnaît volontiers cela a été (et est toujours) plus facile de faire accepter ses idées dans le Jura qu' à Paris. Productrice puis négociante de vins, fille du célèbre Henri Maire, elle a également été présidente nationale de l'association Vin & Société, ayant pour but de fédérer tous les acteurs du monde viticole. Elle a tenu à préciser qu'elle est grand-mère maintenant et qu'elle est contente d'avoir du temps pour ça.
La " Journée de la Femme", cela vous parle ?
" Je pense que cela nous donne l'occasion de nous interroger plus longuement sur la place de la femme dans l'économie et la société. Pour moi, la femme a clairement beaucoup apporté à la société. Dans les débats et les prises de positions, la place et la vision de la femme sont devenues importantes. Dans le monde de l'entreprise je nous trouve malheureusement encore bien trop peu représentées."
C'est dur d'être une femme en 2013 en France ?
(Catégorique) Je ne trouve pas. Attention, je parle pour mon secteur d'activité et pour le monde de l'entreprise en général. Nous sommes plus vite remarquées. C'est la vision positive au fait que nous sommes moins nombreuses. Dans une assemblée majoritairement masculine, la femme est remarquée, on l'écoute plus attentivement. Après, bien-sûr, ce ne serait plus le cas si la parité était respectée mais voyons plutôt le positif de la situation. Même si, une fois encore, j'aimerais que nous soyons plus nombreuses."
Le machisme, vous le côtoyez au quotidien ?
(Elle réfléchit longuement.) Comment dire..J'ai eu la chance de ne pas être vraiment confrontée à cela...(elle hésite) Dans le monde des affaires ou dans les hautes sphères il y a parfois des comportements durs. Des modes de fonctionnement liés au pouvoir très masculin et difficiles à appréhender pour une femme. Nous, nous ne manions pas le pouvoir de la même façon. Dans le Jura cela s'est toujours bien passé. A Paris..(elle sourit) bien aussi mais..
Votre métier aurait été différent si vous aviez été un homme ?
"Je pense qu'il aurait été plus difficile. J'ai pu saisir des opportunités qui m'ont été proposées car on m'avait remarquée. Je faisais déjà la différence puisque j'étais une femme dans un univers d'hommes. Pour les sujets de société, j'ai remarqué que les hommes nous laissent plus facilement la parole et que, surtout, notre parole porte mieux. Comme s'ils nous trouvaient plus de compétences et de légitimité sur les questions de société qu'une vision masculine du problème."
Votre message pour les femmes ?
"Faites-vous confiance. Une femme peut tout légitimement se positionner sur de grands projets. N'ayez pas peur d'entreprendre. Mais gardez de la lucidité. Il ne faut pas que cette quête de la réussite professionnelle se fasse au détriment de votre équilibre de vie. Le monde est prêt à accepter nos idées. Mais il ne s'agit pas de mener des combats. Il faut proposer, s'engager. Et se dire quoi qu'il arrive que la vie n'est pas rectiligne."