Les juges de la Cour d'appel ont rendu lundi 3 juin, leur verdict dans le procès Eternit, le plus grand et le premier au monde organisé au pénal sur le drame de l'amiante. Une centaine de victimes et familles françaises, dont des Bourguignons, étaient présents.
L'industriel suisse Stephan Schmidheiny a été condamné lundi 3 juin 2013 en appel, à une peine durcie à 18 ans de prison pour avoir provoqué la mort de près de 3 000 personnes, ouvriers ou riverains d'usines d'Eternit Italie utilisant la fibre d'amiante.Dans le cadre de ce premier procès pénal au monde sur les dégâts causés par l'amiante, M. Schmidheiny, ex-propriétaire de Eternit Suisse, avait été condamné en première instance en février 2012, à 16 ans de réclusion en tant qu'ancien actionnaire important d'Eternit Italie de 1976 à 1986, en même temps que le baron belge Louis de Cartier de Marchienne, ancien actionnaire et administrateur d'Eternit Italie au début des années 1970.
La Cour d'appel de Turin a décidé d'abandonner les poursuites contre ce dernier, décédé le 21 mai à l'âge de 92 ans. Les magistrats de la Cour d'appel ont jugé M. Schmidheiny, responsable de "catastrophe sanitaire et environnementale permanente" et infraction aux règles de la sécurité au travail dans les usines de produits à base d'amiante-ciment (tubes, plaques, etc).
L'industriel suisse, jugé par contumace, a été considéré comme responsable de ces délits aussi bien pour les établissements d'Eternit à Casale Monferrato, qu'à ceux de Bagnoli (près de Naples) et Rubiera, près de Reggio Emilia.
Le président de séance a ensuite énuméré la liste des dédommagements reconnus aux nombreuses parties civiles dont 30,9 millions d'euros pour la ville de Casale Monferrato, qui compte le plus grand nombre de victimes et où Eternit avait sa plus grande usine en Italie. La région Piémont s'est vu octroyer pour sa part 20 millions d'euros de dédommagements.
L'audience du 3 juin 2013 a été marquée par une manifestation de syndicalistes et une délégation du comité Caova "d'aide et d'orientation pour les victimes de l'amiante". Une centaine de victimes et familles françaises étaient aussi présentes, à l'appel de l'Association nationale de défense des victimes de l'amiante (Andeva).
Après leur condamnation en première instance, le procureur Guariniello qui avait enquêté cinq ans avant d'arriver au procès de Turin, avait estimé que la sentence donnait "à tous en Italie et dans le monde entier, le droit de rêver que la justice peut et doit être faite".