Le portage salarial est une forme de travail atypique qui permet de s'affranchir de l'entreprise, tout en conservant un filet de protection sociale, notamment en matière d'indemnisation chômage. Ses adeptes parient sur son essor.
"Si j'avais connu le portage avant de créer ma SARL, je ne serai jamais passé par là, c'est incroyablement plus léger."
Jean-Marc Andouin, 61 ans, est expert en réseaux informatiques. Il vit en Bourgogne. Ce senior, qui n'est pas décidé à raccrocher, voit dans le portage une solution idéale pour les cadres comme lui : "en France, vous n'avez qu'une toute petite fenêtre : on vous reproche d'abord votre manque d'expérience et, dix ans plus tard, vous êtes bon à jeter à la poubelle", dit-il.
Ce système souple correspond au monde d'aujourd'hui, où on demande de la flexibilité. Il se situe entre les régimes salarié et indépendant. Le portage salarial est réservé aux cadres, notamment des consultants. Cela leur permet d'effectuer des missions pour diverses sociétés, en passant par l'intermédiaire d'une "entreprise de portage" qui les salarie et se charge de la gestion administrative. Mais, à l'inverse de l'intérim, ce sont les "salariés portés" qui prospectent leurs clients.
Un accord, signé en 2010 mais généralisé en juin dernier, réglemente ce métier. Les syndicats comme le patronat voient dans le portage "une solution alternative aux travailleurs seniors dont la qualification et l'expertise leur permettent de réaliser des prestations de conseil, de tutorat, d'encadrement". De fait, chez les quelque 30 000 "portés", selon le Peps (patronat du secteur), l'âge moyen tourne autour de 50 ans.
Le portage salarial est de plus en plus apprécié par les jeunes
Pour Patrick Levy-Waitz, patron de la société ITG, poids lourd du secteur, cette solution est prisée par "des personnes en reconversion ou qui se repositionnent après un accident de la vie professionnelle : licenciement, désillusion, burn out...".Patrick Levy-Waitz parie sur un essor de cette forme atypique d'emploi, qui concerne des cadres très autonomes, notamment les secteurs des ressources humaines, de l'informatique, du marketing ou encore des métiers du web. "C'est de plus en plus apprécié par d'autres classes d'âge, notamment des retraités et des jeunes qui aspirent à travailler autrement. En Grande-Bretagne, 300 000 personnes exercent avec un statut voisin du portage salarial", dit-il.