L’eurodéputé Arnaud Danjean (UMP-PPE), qui est aussi conseiller régional de Bourgogne, met en doute l'utilité de "frappes punitives" contre la Syrie.
L'élu de Saône-et-Loire, qui avait approuvé l'intervention armée de la France au Mali, se montre beaucoup plus sceptique sur d'éventuelles frappes en Syrie.
Que pensez-vous, en tant que président de la sous-commission Défense du Parlement européen mais aussi ancien agent de la DGSE (services secrets français), des preuves présentées lundi 2 septembre 2013 par le gouvernement français sur les frappes chimiques ?
Ce que j'en ai vu semble plutôt probant sur le fait que l'attaque émane des forces du camp du régime de Bachar al-Assad. Restent les questions sur la nature précise des produits utilisés et sur "qui a décidé quoi ? ". On ne peut exclure qu'elles aient été le fait de forces autonomes ou que certaines personnes aient voulu mouiller Assad. Il y a encore tout une série de spéculations et de questions qui demeurent.Approuvez-vous le concept de "frappes punitives" qu'envisage de décider le président Hollande ?
Telles qu'elles sont envisagées, les frappes punitives ne me paraissent pas une solution très pertinente. On va frapper Bachar al-Assad quelques heures, il va faire le dos rond et si le lendemain il commet un massacre, mais à l'arme conventionnelle, on fait quoi ?Dans l'Histoire récente, les frappes limitées et punitives n'ont jamais eu de résultats militaires probants. On a frappé en Afghanistan des camps de Ben Laden en 1998, cela ne l'a pas empêché de préparer les attentats du 11-Septembre. On a frappé les Bosno-Serbes à Sarajevo en 1995, cela ne les a pas empêchés de commettre Srebrenica. On a frappé l'Irak de Saddam Hussein en 1998, cela n'a pas empêché le dossier de pourrir jusqu'en 2003. Ces frappes limitées n'ont aucun impact si ce n'est celui de nous donner bonne conscience en disant : "on a fait quelque chose".
Mais existe-t-il encore une solution politique, notamment pour convaincre la Russie ?
Il faut prendre en compte le fait que la position russe, quoiqu'on en dise, n'est pas confortable. Si les preuves sont accablantes, il sera très difficile pour Vladimir Poutine de maintenir un soutien indéfectible au régime. Regardez ce qui se passe en Iran : des voix se sont élevées dans l'exécutif pour dire que ce que faisait le régime Assad n'était pas acceptable. Ces petites évolutions peuvent faire bouger les lignes diplomatiques. Je pense donc que le jeu est plus ouvert qu'on ne le croit.
Au niveau européen, il faut parvenir à une position commune. Il y a un consensus pour dire qu'il faut une réaction à l'attaque chimique. Nous avons des instruments diplomatiques et juridiques pour sanctionner le régime. Il faudrait ainsi envisager le dépôt d'une plainte devant la Cour pénale internationale (CPI). On l'a fait pour d'autres dictateurs, comme pour (l'ex-président serbe Slobodan) Milosevic en 1999.