Le tueur en série Emile Louis, 79 ans est mort, à Nancy, dimanche 20 octobre 2013. Au lendemain de l'annonce de son décès, les principaux acteurs de l'affaire réagissent.
Emile Louis est décédé dans la nuit de samedi à dimanche à Nancy, dans la prison hôpital, où il était hospitalisé depuis quelques jours. Son avocat a confirmé l'information de nos confrères de L'Est Républicain, les premiers à la révéler, à l'AFP. Me Alain Fraitag a déclaré : « J'accueille cette mort avec une certaine tristesse car j'espérais pouvoir trouver quelque chose qui aurait pu remettre en cause sa condamnation. »Du côté des défenseurs et des proches des victimes, le sentiment est évidemment tout autre. Catherine Marlot, la soeur d'une des victimes, témoigne de son impossibilité à tourner la page: « Même si je n'aime pas cette expression, je n'y suis pas parvenue. Il reste trop de questions sans réponses. »
Pierre Monnoir, le président de l'association de défense des handicapés de l'Yonne, renchérit: «Dommage qu'Emile Louis n'ait pas vécu assez longtemps pour dire où étaient les corps des jeunes femmes qu'on n'a pas retrouvés. On pensait qu'il chercherait à soulager sa conscience. Ça n'a pas été le cas. Sinon, sa mort me laisse indifférent. Les familles des victimes ont souffert beaucoup plus que lui. »
Me Didier Seban, avocat des parties civiles, conclut : « Pour les familles, c'est un moment particulier car elles avaient toujours lespoir qu'Emile Louis avoue d'autres choses. » Et de rappeler : « L'affaire des disparues a marqué le début de la reconnaissance des tueurs en série en France. Depuis, il y en a eu près d'une centaine, connus ou moins connus. Elle a aussi ouvert des voies juridiques aux familles comme la plainte pour disparition suspecte. Enfin, il faut se rappeler que cela a été un combat. Les familles ont dû s'opposer à la justice pour être entendues. »
Le reportage de Nathalie Baffert et Claude Heudes avec:
- Pierre Monnoir, président de l'association de défense des handicapés de l'Yonne
- Jean-Pierre Richard, gendre du gendarme Jambert
Rappelons qu'Emile Louis avait été condamné en 2004 par les assises de l'Yonne à la réclusion criminelle à perpétuité pour le meurtre des « disparues de l’Yonne ». C'est ainsi qu'on a baptisé les sept jeunes femmes, déficientes mentales légères et pupilles de la Ddass, qui avaient disparu dans la région entre 1977 et 1979. Elles connaissaient toute le chauffeur et plusieurs prenaient son autocar.
Quatre ans plus tôt, Emile Louis avait été rattrapé par son passé. A Draguignan où il passait sa retraite, il avait avoué à des enquêteurs, lui laissant entendre que les crimes étaient prescrits, le meurtre de celles qu'on allait appeler les sept « disparues de l’Yonne ». Deux corps de victimes sont alors retrouvés aux endroits qu'il a indiqués, celui de Jacqueline Weis et Madeleine Dejust. Il est ensuite revenu sur ses aveux. Il emporte dans la tombe l'emplacement des dépouilles de ses autres victimes: Martine Renault, Chantal Gras, Françoise Lemoine, Bernardette Lemoine et Christine Marlot.
Le rappel de l'affaire des Disparues de l'Yonne par Michel Gillot avec:
- Pierre Monnoir, président de l'Association de Défense des handicapées de l'Yonne, interviewé en septembre 2006