Le Bourguignon Jean-Pierre Fleury, président de la Fédération nationale bovine (FNB), dénonce les méthodes des grandes surfaces et la guerre des prix qui mènent les éleveurs à leur perte, dit-il. Il se dit prêt à multiplier des opérations "coup de poing" dans toute la France.
Après une première opération mardi 28 avril 2014 contre un hypermarché en Région parisienne, les éleveurs bovins se disent prêts "à tenir longtemps".
On verra qui calera le premier
Jean-Pierre Fleury, président de la Fédération nationale bovine, assure pouvoir "tenir des semaines" en harcelant les points de vente à travers le pays. Mardi soir à Créteil, environ 60 éleveurs ont déboulé par surprise au rayon viande pour apposer des étiquettes orange utilisées lors des promotions : sur les viandes françaises, on pouvait lire "Les éleveurs français engraissent la grande distribution" et sur les viandes importées "Traçabilité douteuse".
#FNSEA #fnb charolais type racial laitier !!! Chercher l'erreur !!!! pic.twitter.com/qTCWMVBoJW
— bernard malabirade (@BMalabirade) 29 Avril 2014
Les prix baissent à la production mais ils continuent d'augmenter en rayons, ce qui provoque l'exaspération des agriculteurs. "Je n'ai jamais vu une grande surface déposer le bilan", relève Emmanuel Bernard, éleveur et fils d'éleveur depuis quatre générations dans la Nièvre.
Lui en revanche, à 42 ans, avec cent vaches reproductrices et 80 animaux à l'engraissage, voit son revenu fondre : "Sur l'année, il me reste 1.000 euros par mois. J'ai un seul salarié, je le paye mieux que moi, mais je devrais l'augmenter compte tenu du travail fournit. Simplement, je ne peux pas : ça me désole" confie-t-il.
Dans la profession, on gagne rarement le SMIC, assure Jean-Pierre Fleury : le revenu moyen par actif oscille entre 15 000 et 18 000 euros par an. A ce compte-là, les jeunes ne tiennent pas le coup.
Pour la FNB, ce qui se joue c’est la survie de nombreuses exploitations et avec elles "la capacité à fournir aux consommateurs une viande avec toutes les garanties de traçabilité et de respect des normes de qualité et de production".
150 à 200 euros perdus par vache
"Aujourd'hui, les coûts de production atteignent 4,50 euros par kilo de viande, pour un prix moyen au producteur de 3,85 euros, selon FranceAgriMer (organisme public). 70 centimes perdus par kilo carcasse, c'est 150 à 200 euros par vache", souligne Jean-Pierre Fleury qui accuse la grande distribution de faire pression sur le producteur, tout en soignant ses propres marges.
Pendant ce temps, les prix en rayon du boeuf frais ont augmenté de 3,9% sur l'année 2013 et le chiffre d'affaires des magasins de +1,8%, selon FranceAgrimer. L'objectif visé est donc au moins d'atteindre 4,50 euros du kilo au producteur pour équilibrer.
En face, la Fédération du Commerce et de la Distribution (FCD) qui réunit les principales enseignes d'hyper et supermarchés (moins Système U et Leclerc) parle de "prise en otages" de ses magasins et des clients alors que la viande mise en rayons est "très majoritairement produite en France" (95%), indique-t-elle dans un communiqué.
Ce n’est pas l’avis de la Fédération nationale bovine. Dans tous les départements, prévient son président, les éleveurs sont prêts à faire le coup de poing dans les rayons si les discussions ne s'ouvrent pas.
Le mot d'ordre court sur plusieurs semaines, on se donne du temps
FNB - Action Carrefour Créteil par infagri85